J’avais rencontré David il y a peu de temps. A la fête foraine pour être plus précise. C’était devenu un très bon ami. Je m’entendais vraiment bien avec lui et puis il ne cherchait pas à écouter les ragots de la ville. Et c’était bien une chose pour laquelle je lui étais reconnaissante. Il ne m’avait jamais jugée et n’avait jamais cherché à me poser trop de questions. Je lui répondrai probablement, mais j’avais apprécié qu’il ne les pose pas. Et de mon côté, oui bien sûr il m’intriguait, mais je ne cherchais pas non plus à en savoir plus. Je ne suis probablement pas encore assez proche pour le bombarder de questions. Et puis il faisait ce qu’il voulait. J’étais heureuse donc. C’était presque comme si le temps avec Lee, le chagrin d’amour qu’il m’avait causé, était révolu, bien sûr j’avais toujours un petit pincement au cœur, c’était normal, mais j’avais réussi à passer à autre chose. J’avais plein de trucs dans ma vie qui m’en divertissait, et heureusement d’ailleurs.

Pendant quelques temps David et moi avons pensé être frères et sœurs. Ca aurait été tellement bien. J’ai toujours détesté être fille unique et avoir un frère m’aurait vraiment plu. C’était quelque chose qui aurait pu m’aider tellement à avancer. Avoir quelqu’un avec qui partager les choses difficiles. Et aussi les choses faciles. Et j’aurais beaucoup aimé avoir une personne de ma famille, peut être quelqu’un qui me croirait ! Mais non ce n’était pas le cas. On avait des amis de la famille en commun, mais nous n’étions pas de la même famille. Enfin heureusement, ça ne nous avait pas empêché de rester amis après ça. Pourquoi pas après tout ? Il était très sympa, pourquoi ne pas continuer à le voir. Sans compter que j’avais vraiment pas le choix d’être ici et que d’après Wyatt il faudrait essayer de s’ouvrir au monde ! Et c’était pour ça que j’avais prévu un petit pique-nique avec lui. C’était un manière agréable de profiter du temps libre que les Kelsey me donnaient.

Je lui avait laissé le message suivant David, retrouve moi au Ranch Kelsey au niveau de la rivière pour passer l’après midi ensemble. 11 heures. Viens le ventre vide. Bisous. Haze et je l’attendais à présent. Il faisait encore beau malgré le fait que novembre soit presque fini. Je voulais donc profiter du bon temps. Je nous avais fait une bonne quiche lorraine et j’avais prévu du jus de fruit. Le panier était posé dans l’herbe et j’avais retiré mes ballerines afin d’aller plonger mes pieds dans la rivière en attendant qu’il arrive.

C’était que la vie commençait a devenir un petit peu plus facile. Les choses s’étaient simplifiées. Et j’étais contente en définitive. Pour une fois dans ma vie. Et j’étais contente. Oui je pouvais bien le dire, j’étais vraiment contente. Je ne pensais plus à Lee ou très peu. J’étais épanouie à vivre aves mon meilleur ami, Pacey était une perle. N’oublions pas non plus que j’aie réussi à m’ouvrir un peu grâce à Wyatt. Et puis le fait qu’avec Inès tout ait changé. Elle m’avait crue, et ça faisait plaisir. Bon elle avait peut être mis du temps, mais au moins elle l’avait fait ! Ca faisait du bien. Je n’étais plus aussi incomprise qu’avant. Et puis il y avait ce projet qui me trottait dans un coin de la tête. Cette envie d’ouvrir un restaurant avec Stanley. Donc oui je pense qu’on peut dire que pour le moment tout allait bien dans ma vie. Et c’était un des rares moments que je peux qualifier ainsi. Et le bonheur en définitive c’est agréable, on pourrait presque s’y habituer vous savez ! Oui je pourrais presque m’y habituer.

Et en tout cas dans cette optique j’avais proposé à mon ami David un pique nique. On avait beaucoup sympathisé et on était proches à présent. Il m’avait prise pour sa sœur au départ, ce qui aurait pu être possible, mais en définitive ce n’était pas le cas. Et puis il m’avait avoué qu’il était gay ce qui expliquait qu’il ne puisse pas avoir d’enfant. Et en fait c’était donc logique. Je lui avais assuré que s’il avait besoin d’aide j’essayerai de l’aider le plus possible. Soupirant un petit peu, je marchais pieds nus dans la rivière. L’eau était fraiche mais c’était agréable. Il faisait bon et je relevais le bas de ma robe qu’elle ne se retrouve pas trempée. Doucement je ramassais des cailloux et essayais de faire des ricochets, mais sans grand succès car il y avait un petit courant et qu’en plus, mes cailloux n’étaient pas plats. « Bon… Bonjour Hazel. » je me retournais un large sourire aux lèvres et marchai vers lui en essayant de ne pas trop l’arroser. « Salut David ! » dis-je en lui faisant la bise. « Ohhh, merci c’est gentil ! » m’exclamais-je en prenant sa rose. « Elle est superbe » j « Je l’ai cueilli pour toi… Pour… Pour m’excuser de mon retard. Je… Je me suis perdu. » je souriais et lui fis un baiser sur la joue. « Oh c’est pas grave, je ne t’ai pas attendu très longtemps. » je passais la rose derrière mon oreille la calant avec les cheveux pour qu’elle ne tombe pas. « J’aurai du penser que tu ne connaissais pas les lieux, je suis désolée, je pensais pas que tu allais te perdre ! » je me séchais un peu les pieds et allais vers le panier. « Co… Comment vas-tu ? » je souris et hochais de la tête. « Très bien et toi. » et puis je posais mes yeux sur sa main. « Tu t’es blessé ! Qu’est ce qui s’est passé ? » je pris sa main et l’amenais au bord de la rivière pour qu’il se rince.

J’étais bien dans ma vie en ce moment et ça faisait bien longtemps que ça n’était pas arrivé. Peut être même que c’était jamais arrivé encore. Mais en tout cas une chose était sûre, j’étais contente. Et donc j’avais envie d’en profiter. Alors pourquoi pas passer un peu plus de temps avec David. Il était gentil et je l’appréciais énormément. Et puis il avait l’air un petit peu timide. Je ne savais pas s’il connaissait beaucoup de monde ici, du coup comme Pacey avait été avec moi, j’avais décidé de l’aider à s’y retrouver à Buffalo. Peut être avait il déjà un guide touristique, mais moi je voulais quand même le voir, lui montrer la ville. Je n’aimais pas forcément Buffalo, mais c’était l’endroit où je vivais à présent, je n’avais pas le choix, c’était comme ça. Il fallait faire avec ! Et j’essayais donc de trouver des bons côtés à Buffalo. Et j’en avais trouvés quelques uns. Oh bien sûr il fallait pas trop se hâter non plus hein, mais j’étais contente, alors forcément, je voyais les choses du côté positif.

Cette journée promettait d’être agréable et même le soleil semblait vouloir participer à ma bonne humeur. J’étais contente. David était là, un petit peu en retard, certes, mais ce n’était pas bien grave. J’avais rien à faire cet après midi, et n’étais donc pas pressée. Du coup ce n’était pas un souci. Et puis je ne l’avais pas attendu très longtemps. « Je… Je sors jamais en fait. Et je n’ai pas le… Le sens de l’orientation. » je souriais doucement. « Tu ne sors pas, oh bah tu fais bien de le me dire, je vais te sortir moi tu vas voir. On ira se promener, tu verras, tu peux pas rester chez toi tout le tems, même si t’as un mauvais sens de l’orientation ! » dis-je pleine d’entrain. La rose était magnifique, vraiment il y avait pas à dire. « Je… Je ne peux pas à… A cause de mes études... » je fronçais les sourcils. « Ah mais c’est pas grave ça, on trouvera des moments pour te sortir, t’en fais pas ! » oh non ! Je peux vous le dire on se débarrasse pas de moi comme ça. « … De médecine. Je… J’aimerai devenir pédiatre oncologue. » je souriais largement. « oh super, très bon choix de carrière. » dis-je en émettant un sifflement impressionné. C’était vrai, c’était un bel investissement et une louable volonté de futur ! « Ça va. » je souriais un peu et puis remarquai sa blessure ! Surprise je le pris par la main pour le nettoyer. « C’st la rose ? Tu as mal ? » demandais-je en lavant la blessure qui ne semblait pas profonde du tout. Et puis il commença a m’asperger d’eau. Surprise je poussais un petit cri mais me mis à rire juste après. Ah oui, il voulait jouer à ça ? Je me retournais vers lui et donnais un grand coup de pied dans l’eau pour que lui aussi en reçoive. « Tu connais le principe de l’arroseur arrosé !? » dis-je en me mettant à rire de plus belle en le voyant trempé.

Le temps était magnifique. Et j’allais bien en profiter. J’avais réussi à me calmer. A pouvoir me faire à la vie à Buffalo. Parce que c’était quelque chose qui au final n’était pas aussi chiant que ça. Bien au contraire en définitive. Oh oui j’avais eu un échec amoureux. Ou du moins … pas de bol, mais ça … c’est des chose qui arrivent, non ? Enfin j’veux dire, on peut tous tomber sur un os. Et puis j’avais peut être trouvé une sagesse ici. Une envie de vivre. Sans être persécutée. Je pouvais enfin vivre loin d’Agnès. Même si elle était dans la même ville, bosser pour les Kelsey c’était très pratique pour ne pas la voir trop souvent. Et c’était pas mal. Et puis il y avait d’autres choses bien. Tout d’abord, mes rendez-vous chez Wyatt Leiland. Qui eut cru qu’un Psy pourrait me débloquer ? Est ce que c’était l’action de parler en elle même ou bien lui ? Oh il était séduisant, et il avait des manières très peu communes. Mais … non je ne devais pas penser à ce genre de choses … aherm, j’en étais où ? Ah oui ! La perspective d’ouvrir un restaurant avec Stanley Howing. C’était mon nouveau moteur en ce moment. J’étais tellement heureuse de pouvoir avoir ma petite affaire à moi. Rien qu’à moi. J’étais heureuse, je pourrais enfin mettre à profit mon expérience. Et puis ça semblait beaucoup plaire à mon associé aussi. Les travaux avançaient pas mal et les choses se concrétisaient peu à peu. J’étais comblée. Et à Buffalo, c’était le plus beau. Au final c’était la ville que j’avais haï depuis toujours qui m’apportait la plénitude.

Et ce moment avec David était très agréable aussi. Il était timide, ce que je trouvais extrêmement mignon. Il semblait un peu gêné, mais ça ne me gênait pas du tout au contraire. C’était plus touchant qu’une personne trop sûre d’elle même. Il s’était blessé. J’étais surprise, je me demandais comment ou pourquoi il s’était blessé, mais la réponse arrivait bien vite. « C’est la rose. Mais c’est… C’est pas grave… » La rose ! « Oh ! Ca ne te fais pas trop mal ? » je souriais, au moins ce n’était pas trop grave. « Attention de… De… De pas te… » je regardais la rose et souriais mais alors que je le regardais il semblait être un peu déstabilisé. Moi ? Je parvenais à le déstabiliser ? Ce n’était en tout cas pas du tout prévu ou conscient. « … Pas te piquer toi aussi. » je hochais négativement de la tête. « Non t’en fais pas, je ferais attention. » dis-je en replaçant une de mes mèches derrière mon oreille et donc derrière la rose.

Et au final tout ça se terminait en petite bataille d’eau. C’était enfantin et léger, c’était tout à fait agréable et sympathique, j’appréciais beaucoup et je l’arrosais allègrement tout en riant à gorge déployée. Et voilà qu’il se retrouvait les fesses en arrière dans l’eau du ruisseau. Je restais la bouche ouverte et me précipitais pour l’aider. « Oh David ! Excuse moi ! » dis-je en lui tendant la main « Elle… Elle… Elle est froide en fait. » je hochais positivement de la tête. « Ouais, c’est sûr, on est quand même bien avancé dans la saison maintenant. Allez, sort de là va ! » dis-je en l’aidant à se remettre debout et sortir de l’eau.

Nous retournions près de l’endroit ou j’avais posé les affaires et je me retournais vers lui « Ca va ? Tu… Tu… Tu n’as pas trop froid ? » je souris doucement, il était très prévenant et c’était fort appréciable. « Non, pas du tout. C’est surtout toi qui doit avoir froid ! » dis-je en désignant son pantalon tout trempé. « Mais j’ai rien pour que tu puisses te changer … » dis-je en me mordant la lèvre inférieure.