Cela faisait tellement d’années maintenant que David était célibataire, qu’il ne savait même plus ce que ça faisait d’être dans les bras d’une autre personne, d’être embrassé… D’être aimé du simplement. Avec le temps, notre étudiant en médecine se demandait parfois si son ex l’avait réellement aimé. Mais bon, il préférait ne pas trop s’attarder sur la question car au final la réponse lui faisait encore un mal de chien. Il n’avait qu’à remonter la manche et observer les dégâts sur son bras pour se rappeler les désastres qu’un chagrin d’amour pouvait engendrer. De multiples cicatrices sur ses poignets, autant le gauche que le droit, témoignaient de ses trop nombreuses tentatives de mettre fin à ses jours. Mais surtout sur l’avant bras droit, on pouvait encore voir les marques de ses automutilations. On pouvait encore lire quatre lettres de couleurs chairs un peu plus clair. SWEN. C’était le prénom de son unique amour. Du garçon qui lui avait fait tourner la tête dès le premier regard. Aujourd’hui, cinq ans après leur rupture, David était encore incapable d’entretenir une autre relation amoureuse. Etre en couple avec une autre personne était pour le jeune homme l’équivalent de tromper Swen. Pourtant ce dernier avait aujourd’hui une femme et des jumeaux de trois ans.

Pour tenter de tourner la page, David décida d’aller faire un tour à la gay pride du coin. Il s’était habillé en tutu. Mais son sens de l’orientation se laissant désirer, le pauvre se perdit en chemin. Passant devant une boutique, il s’arrêta devant pour vérifier son maquillage avec le reflet de la vitrine. Ce fut à ce moment là qu’il fut interrompu par un jeune homme qui lui demanda s’il avait besoin d’aide. « Euh non c’est bon, je… Je vérifiais juste mon maquillage. » Quoiqu'en réfléchissant. « Euh bah en fait si. Je… Je me suis perdu. » Bon évidemment sans préciser sa destination, l’autre homme ne pouvait pas l’aider plus que ça ! Quoiqu’en regardant l’accoutrement de David, si il connaît la gay pride, il pourrait sans doute l’aider à retrouver son chemin.

Depuis le camping, lien où il habitait depuis son arrivée ici à Buffalo, jusqu’ici devant la vitrine, le jeune homme n’avait pas marché un mile. Sur ce si peu de chemin, il avait entendu des gens rirent en le regardant. Ils se moquaient de lui. David avait fait comme s’il ne les avait pas entendu. Mais tout au fond de lui, il avait été blessé. Il se sentait très ridicule mais en même temps il ne s’en plaignait pas car avec son accoutrement, il l’avait cherché. Il était meurtri aussi car il se rendait compte que s’il dévoilait son attirance pour les hommes au grand jour, il ne serait pas accepté. Le monde avait encore trop de préjugés sur les personnes homosexuelles.

Pourtant on ne pouvait pas mettre tout le monde dans le même panier. L’étudiant en médecine pensait à Hazel. Sa sœur q’il ne connaissait pas encore. Si cette dernière le voyait comme cela, elle ne pourrait se rappeler que de lui en tutu. Peut être qu’elle risquerait elle aussi de se moquer de lui. Et cela David ne le supporterait pas. Il n’avait plus de famille. Aucune personne qui désirait encore de lui. Swen, n’en parlons même pas. L’autre homme l’avait oublié depuis longtemps. Jamais depuis ces dernières années l’autre n’avait pris des nouvelles de son ex petit ami. Loyenz avait préférait couper les ponts définitivement en sachant que s’il restait dans l’entourage de Lowery, ce dernier ne pourrait jamais refaire sa vie. La preuve étant que, même comme cela, David restait inconsolable.

Dans sa toute première tentative de tourner la page, le pauvre n’arrivait même pas à aller jusqu’au bout de ses attentions. « Je… Euh… » Jarvis n’avait fait que lui demander sa destination afin de l’aider à retrouver son chemin. « Laissez tomber » Il s’assit sur le banc à quelques mètres du magasin. Honteux, il enfouit sa tête entre ses mains. Accoudé sur ses genoux. « Je suis pitoyable comme ça. » Se parla t il à lui-même. Limite les larmes aux yeux, il pensait à Swen et à comment son ex réagirait s’il le voyait si minable. « Il faut que je retourne chez moi et que je m’habille normalement. Je suis ridicule comme ça. »Mais le problème étant qu’il était incapable de retourner sur le camping.