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 [Eckhart] I saw a thousand years pass in two seconds.

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L. 'Whizz' Fenley

L. 'Whizz' Fenley
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[Eckhart] I saw a thousand years pass in two seconds. _
MessageSujet: [Eckhart] I saw a thousand years pass in two seconds. [Eckhart] I saw a thousand years pass in two seconds. EmptyMar 12 Aoû - 23:27

Eckhart & Lawrence

I saw a thousand years pass in two seconds.
Land was lost, languages rose and divided.
This lord went east and found safety.
His brother sought Africa and a dish of aloes.

— James Fenton

Front en sueur, chemise enroulée sur la tête - un pan tombant juste ce qu’il fallait pour cacher son oeil mort - et Lawrence se frotta à nouveau le front du bras, un sac dans sa main et sa faux sur le sol. Le travail aux champs était surement le plus épuisant de tous et il regretta quelques secondes d’avoir accepté de remplacer un des saisonniers, dont il n’était pas certain qu’il soit réellement malade - ou alors à cause de sa biture de la veille -, avant de réaliser que le point positif dans l’affaire c’était qu’ici, au moins, il ne risquerait pas de croiser Trish. La savoir en ville et, surtout, connaître les raisons de sa présence le rendait mal à l’aise, à un tel point qu’il en oubliait de se parer de son allure détachée habituelle. Il ne souriait pas plus, mais il avait bien du mal à cacher son manque de concentration et l’inquiétude qui teintait son regard quand il levait les yeux vers le paysage, espérant peut être inconsciemment que la jolie blonde n’apparaisse, pour se jeter dans ses bras. Sky devait trop déteindre sur lui et s’accrochant à cette pensée, comme pour expliquer tout ce qui le torturait ces derniers temps, il attrapa la bouteille d’eau que lui tendait un des saisonniers et la porta à ses lèvres pour s’hydrater. Mouillant sa main il se massa la nuque d’un geste un peu tremblant et reprit sa faux pour recommencer à couper le blé, jalousant un peu les travailleurs plus loin que parvenait à se cacher de l’ombre que le moulin leur offrait, ses pales jouant avec le soleil. Tirant un peu sur son t-shirt, après avoir replacé correctement sa chemise faisant d’office de turban, il s’aéra en agitant le tissu de teinte blanche, souffla comme un boeuf - ou bien un buffle vu le thème redondant des lieux - et recommença à agiter son outil de travail, récupérant le blé pour le placer dans le sac à ses côtés. Relevant la partie coupante de sa faux, entendant des bruits de pas dans son dos, il réagit à temps puisqu’un enfant lui passait à côté en courant, se faisant arrêter un peu plus loin par un des saisonniers qui lui passa surement le savon de sa vie; le garçon repassa quelques minutes plus tard devant Whizz d’un pas plus lent et, surtout, avec des larmes sur les joues, reniflant bruyamment. Inconsciemment il ne put s’empêcher de se souvenir de Levi qui, gamin, avait suivit ses frères jusqu’au moulin pour repartir aussitôt quand les trois aînés lui avaient fait la peur de sa vie, en se cachant dans le blé récolté. S’appuyant sur le manche de sa faux, Lawrence leva son oeil valide vers le ciel en soupirant, reprenant son souffle et tapotant son front et ses tempes de sa chemise humide, ses cheveux aussi trempés que sa peau, réfléchissant. Ça faisait plusieurs mois que Landon ne lui avait pas envoyé son bibelot de collection, témoignage de chaque lieu qu’il visitait en déplacement avec son escadron. D’après la dernière lettre qu’il avait envoyé à leur père, il était pas mal occupé, mais Whizz ne put s’empêcher d’espérer recevoir son objet pour son anniversaire; idiot sentiment que ce serait certainement la seule chose bien positive dans le fait d’avoir vingt-sept ans, de vivre encore sur le terrain de sa famille avec Sky en colocataire, et d’être aussi doué en relation sentimental qu’en peinture à l’huile. Plus déprimant ? Savoir que la seule chose de vraiment bien là-dedans c’était la présence de son meilleur ami.. Quoique ça n’avait rien de mauvais même si le fait que le jeune Elliot soit assez bon pour briser plus d’assiettes qu’un éléphant dans une verrerie, mais on lui en tenait pas rigueur. Ni Whizz ni Leo, et encore heureux vu ce que le Fenley savait de l’autre.

Les muscles un peu endoloris, le jeune homme continua encore un moment à agiter la faux, coupant un maximum de blé avant de les récupérer pour les placer dans le sac, avant de réaliser qu’il était plein. Déposant l’outil au pied du saisonnier qui travailler à ses côtés, Lawrence s’abaissa pour soulever le sac, non sans souffler sous son poids, le placer sur son épaule et rejoindre le moulin où sa tante récupéra le contenu dans un bac prévu à cet effet. Pour son travail acharné, pendant un jour de ses repos en plus, elle offrit même une part de pie au jeune homme qui se sentit à nouveau des années en arrière. Comme un gosse, souriant de manière bien plus sincère que d’ordinaire, il attrapa son bien et quitta le moulin pour s’asseoir sur le muret de pierre à côté. Retirant sa chemise de sa tête, dévoilant son oeil aveugle, il s’épongea le cou et la nuque avec, avalant sa part en quelques bouchées. Un regard vers les champs et il remarqua qu’une ombre planait progressivement sur une partie de la récolte et en levant le nez il comprit; un nuage gris flottait vers eux et s’il permettait d’avoir plus d’ombre, Whizz pria pour qu’il ne se mette pas à pleuvoir sur eux, considérant qu’il était déjà assez trempé pour la journée.

Passant sa langue sur sa dent du fond, Fenley quitta son siège improvisé pour retourner à son travail, changeant de place pour aider une pauvre femme un peu essoufflée. Concentré sur ses travaux il fallut que la travailleuse en question, une allemande de ce qu’il comprit de son accent, lui envoie plusieurs coups de coude pour qu’il relève le nez. Un homme marchait vers les champs et, ne le reconnaissant pas comme étant l’un des employés de la ferme - il ne connaissait pas tout le monde, certes, mais on reconnaissait un habitué d’un nouveau rien qu’à l’allure - il quitta sa parcelle, la faux entre les mains de sa camarade et s’approcha du type. Tapotant son visage de sa chemise, qu’il posa sur son épaule déposant un oeil d’un bleu foncé, l’autre bien plus pâle, sur le visage du nouveau venu. « Si c’pour la visite d’la ferme, le groupe est à la maison principale, puisque d’un regard Whizz en déduit qu’il n’avait pas vraiment la tenue pour venir travailler aux champs,pour la promenade par contre c’pas ici, faut revenir sur tes pas et prendre le chemin des écuries.. » Une main sur la hanche, l’autre sur le sommet de sa tête, il souffla encore un peu avant de savourer le léger vent frais que le nuage apporté. Il s’étonna un peu de voir l’homme toujours planté devant lui et, dans un effort de réflexion, il en déduit qu’il ne parlait sans doute pas la même langue que lui, quoique son regard lui renvoya l’impression du contraire. En l’observant d’un peu plus près, Whizz en conclut que l’homme venait de la ville, comme à peu près tout le monde, mais quelque chose dans ce qu’il dégageait lui laissait une impression un peu étrange et il pencha la tête sur le côté en se frottant le front. « J’espère que tu parles pas espagnol, parce que je peux gérer l’allemand mais alors l’espagnol.. Avant de finalement taper son bras le long de son corps en levant les yeux au ciel,m’enfin s’tu parles espagnol, c’que j’viens d’dire tu l’as pas compris.. » Il roula des yeux, fit signe au type de le suivre mais s’arrêta quand il l’entendit laisser échapper des mots d’anglais. Soupir mal caché; ils allaient pouvoir échanger des mots en se comprenant, tant mieux parce que Lawrence était pas certain de pouvoir gérer une discussion dans une langue qu’il connaissait que par les telenovelas dont parlait certaines citadines. « Tu veux un renseignement peut être ? »

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Eckhart Carsten

Eckhart Carsten
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[Eckhart] I saw a thousand years pass in two seconds. _
MessageSujet: Re: [Eckhart] I saw a thousand years pass in two seconds. [Eckhart] I saw a thousand years pass in two seconds. EmptyMer 13 Aoû - 23:29


Un sursaut. Le temps passe, lentement, très lentement. Les battements sont incessants. Ils lui transpercent les oreilles. Il s'effondre sur le dos. Attend. Le temps est long. Il ferme les yeux, tente inconsciemment de se calmer. Il sait que ça ne sert à rien. Il a perdu le contrôle. C'est pathétique.
Perdre le contrôle de son organe vital. Il se sent faible. Faible et minable. Pourquoi ? Pourquoi continue-t-il ? Il porte sa main droite sur le coupable. Quand est-il devenu aussi pitoyable ? Un rictus sans joie naît une seconde sur ses lèvres. Il le sait très bien. Il connaît même la date sur le bout des doigts. Comme toutes les autres. Elles sont toutes gravées sur son poignet droit. En chiffres romains. En relevant la main, il y jette un oeil. Il n'a plus qu'à attendre. Chacune d'entre elles lui fait mal. Elle. Eux. Sa vie et sa fin proche. Pathétique. Trente-six années ont passé et il est déjà vieux. Inutile. Il se relève d'un geste, s'effondre aussitôt assis. Il oublie à chaque fois. Il n'est pas habitué. Il n'a pas envie de s'habituer. Il veut juste que ça s'arrête. Il veut juste que la machine arrête de s'exciter, arrête tout court. Tout. Mais elle refuse, préférant battre à mille flots en lui crevant le coeur. Non, mauvais choix de formulation. Il n'a plus de coeur. C'est ainsi qu'il le voit. C'est un peu vrai aussi. Il recommence, plus lentement cette fois, atteint le tiroir de la commode et en sort le vieil album photo flétri qui y trône. Sa seule possession de valeur. Sans valeur. Il s'écrase au sol cette fois, se cale au mur, ignore les bruits de la mécanique. Ouvre une page au hasard. Un sourire, l'espace d'un instant. Il se souvient de ce jour-là. Il n'est pas gravé dans sa chair mais il n'en a perdu aucune seconde.
L'un qui hurle, s'égosille en racontant des idioties et les autres qui rient ou se désespèrent. Il appartenait à la seconde catégorie, avec un sourire en coin. L'armée lui manque. Parfois. Souvent. C'était tout ce qui lui restait. Même après son départ. Il refuse de l'appeler sa mort. C'est trop ... définitif. Elle revient souvent pourtant. Son sourire quitte ses lèvres. La photo date. Certains ne sont plus là pour en témoigner. Lui non plus. Landon. Il ferme les yeux une seconde. Il est ici, chez lui. Il n'a toujours rien dit. Il a pourtant promis à l'armée qu'il s'en chargerait. Comme dernière action. Comme dernière volonté. Foutue bombe. Foutu avion. Foutue colline. Ils l'ont finalement identifié. Il a promis. Il le fera. Mais quand ? Comment annonce-t-on ce genre de choses ? Il ne l'a jamais fait. Pourquoi l'aurait-il fait ? Il aurait pu être l'annonce. Ca l'aurait bien arrangé à l'autre. Mais non, il n'est que le messager. Il se pince les lèvres. Les battements se sont calmés. Mais les morceaux ne sont pas recollés pour autant. Il se relève, lentement cette fois et rejoint la salle de bain. Son regard se perd sur le miroir et dans ses pensées. Il n'aime pas son reflet. On le trouve séduisant, il n'est pas vraiment de cet avis. Mais il n'est pas forcément le meilleur juge après tout. De l'eau claire en ses doigts, des gouttes qui perlent sur son visage. La main sur la machine, machinalement.

Les heures passent, son regard figé vers l'extérieur. Il se remet à tourner les pages. Encore une. Ce jour-là, il n'arrêtait pas de parler de cet endroit, de ses histoires, de ses frères aussi. Tellement différents des siens. Il se demande un instant ce que devient Macaire. Sans doute est-il toujours le même. Leur dernière rencontre ne lui avait valu qu'un regard de pitié. Il avait alors fermé la porte. Toutes les portes. Il repense aux frères de son frère d'arme. Il doit leur dire. Ca le bouffe. Mais il le doit. Le temps court, inlassable. S'il ne le fait pas, on le fera à sa place. Ca serait une erreur. Il le doit. Il le lui doit. Pour les autres fois. Pour cette fois-là aussi. Il sort.

Le soleil le frappe. Il cligne des paupières. Il lui semble connaître le chemin. Par où commencer ?
Par où on commence bro' ? Ses pas suivent leur ligne, inconsciemment, presque par instinct. Ses yeux sont perdus ailleurs. Vers l'horizon et le désert. Landon.

"  - Hey, tu crois que si je fous du sable dans ses pompes, il saura que c'est moi ou pas ?
  - Pourquoi tu me demandes ça ?


FB - Afghanistan. Six ans plus tôt.

- Parce que j'ai envie de foutre du sable dans ses pompes, tiens ! Mais je voudrais éviter le courroux qui viendra après
- Pourquoi tu veux le faire alors ?
- Parce que la réaction avant le courroux sera priceless, mec.
- T'es désespérant, Land', tu le sais ça, j'espère ?
- Ouais, ouais, je suis au courant. Alors t'en dis quoi ?


Il avait le regard fou, amusé. Amusant. Eckhart ne put s'empêcher de sourire. Oui, il était désespérant mais c'était bien ça qui était drôle en fin de compte. Le raid avait bien fonctionné ce jour-là. Pour une fois. Le repos était de mise. Les conneries aussi visiblement. Il releva les yeux de son livre pour voir son bro' en pleine hésitation.

- Fais-le, qu'est ce tu veux que je te dises ?
- Ouais, mais il va savoir que c'est moi, non ?
- Il va pas penser à moi, c'est sûr.
- Hm, pas faux. Tu veux pas le faire à ma place ? Comme ça, ça sera pas moi le coupable ?
- Pourquoi tu veux que je foute du sable dans les pompes d'Evans ?
- Parce que c'est drôle. Rembobine la conversation, mec.
- Je ne foutrais pas du sable dans ses pompes, je suis pas suicidaire.
- Mais tu viens de dire qu'il penserait pas à toi
- Justement. Parce que je ne lui donnerais pas de raison de penser à moi. Je suis fiancé, mec, je tiens à la vie, figure-toi


Et le voilà qui tourne et retourne.

- Tu m'épuises, Land'
- Oh et puis zut ! Je le fais, ça sera marrant. Je reviens.


Eckhart pouffa de rire dans son coin. Mais ce qu'il pouvait être bête ce type ! Enfin, heureusement qu'il était là. Il rendrait presque les choses drôles. Ouais, heureusement qu'il était là. Il le vît revenir quelques secondes plus tard

- Voilà. Je peux plus reculer.
- J'ai été ravi de te connaître, mec.
- Très drôle. Il est hors de question que je crève cette année, tu m'entends. Dans six mois, Whizz sera enfin un homme. Et je veux être là pour voir ça.
- C'est lequel, Whizz déjà ?
"

Whizz. Il lui en avait encore parlé il y a quelques mois. Paniqué. Sur le coup, il n'avait pas vraiment réagi. Il ne réagissait plus à grand chose déjà à ce moment-là. Tout avait pris un goût amer, étrangement amer. Il poursuivit son chemin, sans vraiment savoir où il allait mais son instinct le savait pour lui. Sa mémoire en tout cas. Il sait alors qui il doit voir en premier. Il ne sait pas vraiment pourquoi mais son choix est arrêté et il trace sa route en conséquence. Il tente de réunir ce qu'il sait de lui. Mais seul l'aspect physique lui vient en tête. Il n'aura pas de mal à le reconnaître. La dernière photo était un peu jaunie, il faut bien l'avouer. Il poursuit dans les champs pour se rapprocher. Sa recherche paraît prendre fin plutôt que prévu mais les mots se figent. Ses cordes sont muettes et mal accordées. Il croise son regard. Il sait qu'il ne s'est pas trompé. Il hésite, ne dit rien. Attend. Attend quoi ? Le jeune homme réagit pour lui. Il le laisse parler. Il chercher lui-même ses mots mais rien ne vient. Il aurait du y penser avant. Que faisait-il alors bon sang ? L'image de Landon vient lui hanter le regard. Il cligne instinctivement. Sa main droite recommence à trembler. Il la masque. Un muet handicapé, voilà ce qu'il est. Il hésite à repartir, à prendre le sens inverse. A fuir. Encore. Mais n'en fait rien, le laisse parler, encore. Sa voix a ce même accent. Un pincement. Inconscient. Son coeur n'existe plus. Pas vrai ? Des hypothèses. Il va bien falloir qu'il réponde. Qu'il place un mot. Mais quoi ? Quel avare. Il le voit entamer un geste, comprend que c'est son tour. Son entrée en scène. Autant crever. Oh c'est vrai, déjà essayé. La machine bat à plein régime, serre le muscle. Les tremblements ne cessent pas.

- Ne t'inquiète pas. J'ai compris.

Il paraît soulagé. Il le comprend puis s'en veut. Pourquoi il a voulu ça déjà ? Pour lui. Bien sur. Pour lui. Sa part du marché. Sans marché. Pour lui. Juste pour lui. Il passe sa langue sur ses lèvres, hésite, lève le regard vers lui. Croise ses yeux, fixe le voyant. Il sait. Mais quand même. Du temps. Il a besoin de temps. Mais il n'a surtout pas droit à l'erreur. Pour lui. Pour eux aussi, maintenant.

- Lawrence Fenley ?

Comment ? Comment ? Comment ? Il serre les doigts. Revoit ses yeux. Revoit ses rires et ses conneries.

- Si vous êtes bien qui je pense, alors c'est plutôt moi qui vous dois des renseignements.

Evidemment qu'il l'est. Tout en lui le crie. Tout dans ses souvenirs le confirme.
Il est l'avocat du Diable. L'envoyé de malheur. Ca le bouffe mais il préfère ça que les autres. Pourquoi ? Parce qu'il sait. Parce qu'il le connaît. Parce qu'il le lui doit. A son bro' d'arme. Bien plus réel que les vrais. Bien plus réel qu'il n'est désormais.
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L. 'Whizz' Fenley

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[Eckhart] I saw a thousand years pass in two seconds. _
MessageSujet: Re: [Eckhart] I saw a thousand years pass in two seconds. [Eckhart] I saw a thousand years pass in two seconds. EmptyJeu 14 Aoû - 3:00

Eckhart & Lawrence

C’est quoi un nuage? L’innocente question échappée des lèvres d’un charmant garçonnet de six ans, le nez en l’air à admirer l’amas de nuages gris, flottant au-dessus de ses mèches blondes, l’herbe chatouillant ses oreilles, le souffle d’un frère aîné - que tout séparé de lui en temps normal - apaisant les battements rapides d’un coeur usé par l’effort d’une course effrénée dans les champs. Charmant moment de complicité, volé au temps qui s’égrenait, d’une rareté précieuse, pris au piège dans des souvenirs brumeux. Y a quoi dans un nuage, hein? Les restes des mauvaises pensées des gens, les rancoeurs, les mépris, les colères, les injustices, les chagrins, les plaies de l’âme. D’après Landon les nuages étaient constitués d’une matière particulière, un élément au coeur de leur blancheur parfois terne, qui possédait la capacité d’absorber ce qu’il y avait de plus noir, de plus douloureux, dans les pensées humaines. Malléable esprit d’enfant inconscient, Lawrence avait accepté cette vision, y trouvant quelque chose de particulièrement poétique qui donnait à ces nuages l’effrayant la nuit, après un rêve bien étrange et terrifiant, un quelque chose d’agréable, d’utile. C’était devenu une routine, une constante dans sa vie, de lever les yeux vers le ciel sur le chemin du retour de l’école, à s’imaginer que quelque part dans le monde, dans ces pays qu’il ne visitait qu’avec l’imagination, quelqu’un de blessé qui offrait ses blessures au nuage le plus proche, le laissant emporter le tout au loin. Et lorsqu’il lui passait au-dessus de la tête il fermait les paupières, les poings serrés, à prier très fort que le cumulus ne déverse pas son chagrin sur sa tête. Que le malheur des autres ne le touche jamais. Que le malheur des siens ne l’atteigne pas non plus, qu’il puisse encore passer au travers sans craindre de trop se mouiller. Il avait grandit, cesser de croire à cette idée sotte, mais parfois Whizz se surprenait encore à vouloir éviter les gouttes de pluie, surtout depuis que l’aîné des quatre frères étaient de l’autre côté de l’océan, relié aux siens par des lettres et des bibelots absurdes que Lawrence déposait sur le dessus de sa commode. Connu pour son éternel détachement ces babioles, qui envahissaient un coin de son espace privé, étaient certainement la seule addiction dont on pouvait l’accuser, quant à l’en blâmer personne n’avait encore osé. Même Sky, qui pourtant semblait particulièrement doué pour faire choir ce qui lui passait sous la main ou près du coude, semblait éviter cette partie de la chambre de son ami quand il venait s’y perdre par accident, en cherchant sans doute à se rendre dans une autre pièce à l’étage supérieur. Le comble, il avait fallu que Landon s’absente pour que Whizz ressente à son égard les élans affectifs d’un frère envers un autre.

Un nuage passa.
L’oeil valide du jeune homme, posé sur l’inconnu, se dirigea instinctivement sur le coton géant, un brin grisâtre, qui leur flottait au-dessus de la tête. Un mauvais présage ? Il fallait que c’en soit un pour que ce cumulus ne se place au-dessus d’eux à l’instant où l’étranger avait articulé enfin, signifiant par la même occasion qu’il parlait anglais, et le comprenait. Mais Lawrence n’avait pas des pensées assez sombres pour s’imaginer qu’il y avait un lien quelconque, un signe de l’univers, entre l’intervention de cet étrange personnage et l’assombrissement progressif du ciel. L’éclaircie semblait malgré tout toute proche, un vent se levant doucement pour caresser les chairs brûlantes des travailleurs acharnés, soupirant à l’unisson, et pousser autant que possible cet amas de gris, de couleurs ternes, qui abimaient le bleu si pâle du ciel. « Tant mieux, ç’aurait vraiment été galère pour nous deux si j’avais du parler une autre langue. » Il s’autorisa un brin d’humour, légèrement gêné malgré tout par l’effort de son vis-à-vis pour se concentrer sur son oeil valide et, par réflexe, Whizz glissa une main sur ses cheveux un peu trop long, surtout d’après sa mère, et rabattre quelques mèches devant son oeil gauche. Et un mouvement de sa part pour mener l’homme à un endroit quelconque de la ferme, dans l’idée qu’il lui servait peut être de guide, généreux et dévoué à son prochain comme jamais; Sky aurait été fier. Sans doute. Peut être.

Silence. Arrêt de l’image, bobine déroulée abimant ce film sans réel scénario. Lawrence Fenley. Il avait beau se souvenir que c’était sous ce nom qu’il était inscrit à la mairie depuis sa naissance, cela lui faisait toujours un drôle d’effet d’entendre quelqu’un l’appeler de la sorte. C’était Whizz en général. Pour tout le monde. Sauf pour lui. Sauf pour cet inconnu. C’était formel comme ton, un peu brutal comme intonation. Détaché. Rester détaché. Glissant une main, dont les tremblements furent tout de même perceptibles, sur sa nuque le jeune homme se tourna pour faire à nouveau face à l’étrange personnage qui n’avait pas cillé ni bougé de plus de deux centimètres. Était-il figé ? Whizz s’amusa à lui imaginer les semelles collées au sol par de la glue extra-fort et il roula des yeux. La dernière fois qu’il avait fait face à quelqu’un usant de son patronyme officiel, il s’était avéré qu’en réalité Lincoln lui avait fait une blague, pour ses vingt-quatre ans, et que Whizz avait du arrondir les angles pour éviter que sa mère ne l’étripe. Il songea qu’encore une fois, l’un de ses proches lui avaient préparer une farce dont il ne connaissait encore rien, et devant l’air qu’affichait l’homme il n’était pas sûr de réussir à deviner. Lui qui se targuait d’être le plus neutre du coin, il voyait un véritable adversaire en observant cet homme. « Si c’est pour une livraison… Y a surement erreur. Il glissa ses deux mains dans ses poches, tête enfoncée entre ses épaules, sans tiquer sur le vouvoiement n’étant qu’un indice de plus pour lui faire saisir que l’individu n’était pas du coin. Sinon c’lui-même. » La suite le laissa un brin pantois. S’il s’était accroché à l’idée qu’il s’agissait d’une erreur ou bien d’une blague, la tournure de sa phrase, le choix des mots, et le reste lui indiquaient qu’il faisait fausse route et en fronçant les sourcils, Whizz se fit plus attentif à l’homme.
Le nuage au-dessus d’eux sembla grossir, le vent ne parvenant à lutter contre son poids. Cette fois, pourtant, le Fenley ne leva pas le nez pour l’admirer ou s’en inquiéter. « Des renseignements? J’ai rien souscris nulle part pour qu’on soit forcé d’me renseigner. » Il restait calme, le timbre de sa voix plat comme à son habitude, pourtant une lueur dans son oeil droit témoigna de sa curiosité ou, peut être, de son inquiétude encore bien camouflée sous ses allures nonchalantes. « Attends, on s’est déjà vu quelque part? » A l’observer Whizz sembla mettre en route la machine des souvenirs, cherchant dans les méandres de sa mémoire où il avait déjà pu croiser ces traits fins, ces tâches de rousseurs et ce regard bien particulier, accrocheur mais aussi fuyant. Pourtant, sans qu’il ne s’en aperçoive réellement, une partie de lui semblait empêcher les idées de faire leur chemin, de trouver où Whizz avait déjà pu voir ce visage. Le cerveau du jeune homme lui évitant de se remémorer les visages d’une photo jointe à l’un des derniers courriers de Landon. Au détachement habituel se lia le déni le plus total.
Le nuage resta là, suspendu au-dessus d’eux; épée de Damoclès prête à s’abattre.

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Eckhart Carsten
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MessageSujet: Re: [Eckhart] I saw a thousand years pass in two seconds. [Eckhart] I saw a thousand years pass in two seconds. EmptyJeu 14 Aoû - 22:35

Le répit. Ce minuscule instant qui paraît prendre d'incroyables proportions au point d'aller engendrer le pire et le plus insidieux des sentiments au creux de l'organe battant. Il peut durer plusieurs secondes, plusieurs minutes. Il est brillant, magique, flamboyant. Meurtrier. La chute est rude. Elle est toujours rude. Flagrante et douloureuse. Comme l'humanité. Cette foutue espèce apte à ressentir des idées et des illusions. Belle saloperie. On s'en passerait bien parfois. Parfois seulement. Elle est vivante, brillante, insidieuse. Le calme avant la tempête. L'image s'inscrit dans la rétine comme on grave dans l'albâtre. Les secondes s’égrainent, on se prend à penser autrement, à autre chose. On se berce comme des idiots ou comme des enfants. On repart en arrière, on se livre aux lions en pensant qu"ils ne sont pas pires que les chatons. On bouffe le temps et les envies. La raison laisse de la place. Un vide, un espace. Pour tout. Pour la bêtise. On regrette après coup. Dieu qu'on a pu être bêtes. Mais on recommence toujours. Foutu coeur, foutu mécanisme. Foutu espoir.
Le répit, il le connaît. Il le lui offre. Il se souvient de lui, d'eux. De leur autre vie. Il le connaît. Et il se dit qu'il a été bien bête. Bien bête d'y croire. De céder à ce foutu espoir. La chute est rude. Mais bien réelle. Bien souvent implacable. Il a cru, il aurait tellement voulu. Les images. Le son est au plus bas. Il est inexistant. Il ne reste rien. Juste un regard. Un regard qui ne répondra jamais. Alors un autre se fige. Dans l'ombre d'une existence morne et désespérée. Foutu messager de malheur. Foutu message de malheur.

"Le son est strident. Il se retient de le balancer au travers de la vitre.
Mais il est trop loin.

FB - Washington D.C. Un mois plus tôt.

Il est tombé. Encore. Il se déteste. Il est tellement faible qu'il a envie de hurler de rage. C'est normal, lui disait l'autre. L'autre, il a qu'à essayer un peu pour voir. Il se mord la lèvre. L'autre, c'est le coupable, c'est vrai. On pouvait pas rêver mieux. Vraiment. Il se relève. Lentement. Un bras puis l'autre. Il s'asseoit. Respire. Le son lui transperce les tympans. Maudit soit son instigateur. Il tente une percée, se remet à pied. Il aimerait presque que le bruit cesse. Pour ne plus avoir à aller le chercher. Mais il est toujours là, présent. A foutre des tressaillements à la mécanique.
Il le saisit entre ses doigts, répond. Se fige.
Les secondes filent, s'évaporent. La lumière avec elles. On croirait rêver. L'humanité n'existe plus, c'est vrai. Pas vrai ? Les mots fuient mais sonnent dans l'air. Il doit savoir. Il a besoin de savoir. Tout. Absolument tout. Même le plus sordide. Il est vengé. Mais il est mort. Quel intérêt ? Bordel, quel intérêt, mec ?
Le silence. Il raccroche, tombe à nouveau mais n'essaye pas de se relever. Pourquoi ? Mais pourquoi ? Il a envie de fuir, de repartir. Bordel qu'il le haït. Mais qu'il le haït. Lui et son foutu sens de l'honneur. Bordel qu'il le haït. Il a promis pourtant. Il le lui doit. Au moins ça. Mort pour quoi ? Pour la gloire ? Belle hérésie. Il a perdu ses illusions depuis longtemps. S'il n'est plus, c'est pour lui. Mais aussi pour eux. Il voudrait être là. Il voudrait être là et les tuer. Mais il n'est plus. Inutile et désespérant. Il ne reste plus qu'une coquille qui marche à la mécanique. Il le fera. Au moins pour ça. Il le lui doit. Pour tout. Pour ça. Pour eux. "

Le soleil le brûle puis passe. Il ne bouge pas. Ses mots traversent ses lèvres sans qu'il n'entame le moindre mouvement. Il sait ce qu'il craint. Qu'au delà de sa main tremblante qu'il masque, ce soit ses genoux qui flanchent. Il n'est plus tout à fait là. Il n'est plus tout à fait vivant. En dépit de tout ce qu'ils peuvent lui répéter sans cesse. Il se bouffe de son ton formel. Ce mioche, il a déjà l'impression de le connaître. Mais les choses sont bien différentes maintenant. Les informations, sans doute erronées. Il le voit pourtant se confirmer. Dommage. Il aurait presque pu espérer. Espérer quoi au juste ? Il observe son expression, les traits changeants de son visage. Juge ses paroles, tente de percer. En d'autres circonstances, il aurait peut-être même été amusé. Il n'en fait rien. Ce dont il est venu parler ne lui vaudra pas des rires. Il ne sait pas. Il ne sait pas comment. Il ferme les yeux, une seconde. Prend une inspiration. Retourne son attention vers ses mots. Son regard se fait moins détaché. Presque vivant. Presque attendri. Il le baisse. Mord l'inférieure. Il a l'impression de savoir, de comprendre, de saisir. Il hésite. Toujours. Il a peur.

- Jamais en vis à vis mais ...

Il prend pied sur ses deux yeux. Sent la machine s'enclencher, le serrer, l'étouffer. Inconsciemment. Il le revoit, lui. Il l'entend, lui. Les veines en feu, le sang de glace. Le regard qui vrille. Le ton moins rude, moins formel. Moins froid.

- Je suis un frère d'arme de Landon.

Etait. Etait, imbécile. Non, pas vraiment. Il faudrait qu'il soit encore vivant pour ça et il ne se sent pas vivant. Tout juste douloureux. En sursis. Il l'est. Il le sait. Il est trop loin pour espérer. Et il ne veut pas espérer. Il ne veut pas être la cause inconsciente ou non d'une autre mort. Il ne veut pas en souhaiter une. Il n'en vaut pas la peine. Il a déjà donné. Ils sont encore tous là-bas. Il peut encore tous les perdre, sans pouvoir se battre pour eux. Ca le bouffe. Grappille encore quelques morceaux de coeur. Pour ce qu'il en reste en réalité. Il relève le regard vers lui, vers le sien, après l'avoir lentement fui. Par où on commence ? Par où on commence, bro ?

- Eckhart. Et tu dois être Whizz.

Le temps. Le répit fuit. Il va devoir y mettre fin. Il va devoir lancer la sentence. Il a l'impression qu'elle est pour lui. Peut-être l'est-elle aussi. Comme si l'avouer valait une seconde perte. Plus définitive.

- Je suis là pour Landon.

Et je suis désolé.
Je te haïs, Landon, bordel que je te haïs. Tu aurais du être avec moi. Tu aurais du venir avec moi.
Tu aurais du être vivant. Bordel, Landon. Pourquoi ? Bordel, pourquoi ?

Il ferme les yeux, une seconde, inconsciemment. Sent la lourdeur du silence. La fin du répit. La sentence est implacable et irrémédiable. Douce agonie aux flots incertains. Foutu messager de malheur.
Je suis désolé.
Le répit. C'est terminé.
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MessageSujet: Re: [Eckhart] I saw a thousand years pass in two seconds. [Eckhart] I saw a thousand years pass in two seconds. EmptyJeu 14 Aoû - 23:34

Eckhart & Lawrence

Les gouttes de pluie n’étaient pas tombées. Et comme elles restaient prisonnières du nuage, imitation de coton, qui les retenait avec une apparente jalousie, il ne risquait rien. Tant que les perles de douleurs, de haine et de manque, ne lui tombaient pas sur sa peau déjà brûlée par le soleil d’août du début de journée, il n’avait rien à craindre; il était en sécurité. Il était sauf. Ineptie. Jamais personne ne pouvait dire avec certitude qu’il était protégé de ce qui l’entourait, surtout pas lui et pas depuis son incident; il avait compris à ses dépends qu’on était jamais à l’abris de rien, encore plus lorsqu’on se croyait au-dessus de tout ce qui était risqué, comme protégé d’une bulle bien particulière évitant les épines d’une vie incertaine, bourrée d’éléments aléatoires, de venir la percer pour blesser la chair, s’infiltrer dans les vaisseaux sanguins et nécroser les organes. Lawrence n’avait jamais eu peur de rien, surement parce que c’était toujours les autres qui avaient tout risqué à sa place, certainement parce qu’il n’avait jamais pris de réel risque et que malgré toutes ses tentatives pour se convaincre que tenter le look cowboy à la Sky n’était pas un réel risque. Sa vie n’avait jamais vraiment été en danger, la mort ne l’avait jamais regardé dans les yeux pour le tester et même dans ces moments les plus difficiles de son existence, ou il avait perdu la foi envers les siens et un peu de son courage il fallait le dire, Whizz n’avait jamais rien vécu de risqué. Il était un fuyard lui, le type qui s’habillait chaque matin d’une carapace solide pour ne pas se heurter, il évitait tout ce qui le pousserait à sentir, ressentir, émotionellement et physiquement. C’était surement ce qu’il faisait de mieux, alors peut être qu’on devrait penser à le surnommer autrement si savoir siffler n’était pas son meilleur talent. Il excellait dans l’are de la fuite et de l’évitement, en témoignait Trish et sa famille; à la minute où il avait senti qu’il tombait amoureux de la jeune fille il l’avait repoussé et à la seconde où il avait senti que ses parents, et ses frères, arrivaient à le cerner en l’aimant, il leur avait tourné le dos. Alors pourquoi ne tournait-il pas le dos à cet étranger ? Cet inconnu qui semblait tenir entre ses mains la chose qui inquiétait le plus Whizz; la douleur. Les sentiments humains dans ce qu’ils avaient de plus terrifiants et de plus délicieux aussi; parce qu’il n’y avait pas meilleur chose pour un être que de ressentir. Ce que le jeune homme s’interdisait du mieux qu’il pouvait. Pourtant les gouttes de pluie n’étaient pas tombées, elles ne l’avaient pas touché, elles restaient bloquées en l’air à attendre l’instant propice pour s’abattre sur lui. Mais.. Il les éviterait, comme toujours. Whizz ne craignait rien. Rien. Ou alors il allait s’apprêter à découvrir qu’il n’était pas aussi solide et imparable qu’il tentait de le faire croire, bien que Sky devait déjà le savoir pour le percer surement plus à jours que tout les autres, mais sinon.. Il était encore à l’abris. Pour combien de temps?

Pause. Battement léger et maladroit du temps prenant de la place, s’étirant comme une page à modeler pour enfant, des petits bouts s’échouant dans l’air. Laps d’incertitude où son regard se brouilla légèrement, la mémoire fonctionnant à nouveau, les rouages un peu rouillés se remettant à fonctionner alors que des bribes de souvenirs, enrobés d’une pellicule brumeuse, lui passaient sous les yeux. Ce visage. Ces traits. Cette réponse. Court instant de libération, ce fut l’autre qui lui apporta la réponse que Whizz attendait. Et doucement le mécanisme fit son travail; une photo. Il avait déjà vu ce regard et peut être même un léger sourire, le tout figé sur du papier glacé, abimé d’une signature d’un frère perdu au loin, des mots raturés à l’arrière pour ne pas abimer les visages prisonniers de la pellicule. « Hmmm… » Rien de plus. Ca n’allait pas de réponse au final, et quelque chose au creux de l’oreille de Whizz lui disait que de toute manière ce n’était surement pas tout. Patience, qualité inestimable dont il semblait regorger et ce malgré cette main qui trembla légèrement alors qu’il serrait les poings dans ses poches. Front un peu plissé, yeux plissés, pincement des lèvres. Lawrence était dans l’expectative. Landon leur envoyait sans doute une pair de mains supplémentaires pour la préparation de la fête foraine, sinon pour quelle raison ce type serait là. Les gouttes de pluies n’étaient toujours pas tombées, et de toute manière il passerait au travers. Comme toujours.

« C’est lui-même. » Il s’autorisa même un sourire, l’inconscient. Il aurait eu le diable devant lui, déguisé sous des traits humains inoffensifs, qu’il lui aurait donné son âme sans même s’en rendre compte. Il avait beau avoir été victime de ce qui allait le plus de travers chez l’Homme, Whizz restait incapable de voir ce qui se cachait sous les sourires et les traits lisses. Ou alors s’il le voyait, il avait la facilité déconcertante pour passer outre et fermer les yeux. « Enchanté Eckhart. J’suppose que mon frère n’a pas eu d’illumination pour te trouver un surnom débile, sinon je crois que je m’en serais souvenu en voyant ses lettres. Avant d’agiter la main gauche dans le vent. Enfin si on peut appeler ça des lettres. » Le sourire tangua un peu, incertain, instant de réflexion et de crainte imperceptible qui prit l’apparence d’une moue sceptique. Le ciel s’obscurcit légèrement mais pas au-dessus d’eux cette fois, dans l’esprit du jeune homme surtout qui se débarrassa du cumulus coincé dans son estomac, noué sans qu’il ne s’en rende compte plus que ça, d’un sourire à nouveau avenant qui teinta son regard d’une lueur étrange. « Il t’a envoyé pour nous filer un coup de main. Sympa. » Pourtant. Une goutte perla. Sur son front, roula vers sa tempe et lui chatouilla la joue qu’il frotta d’une main mal assurée. Il avait compris. A ce regard et cette voix, à cette stature et pour tout le reste, Lawrence avait compris la teneur de la discussion. Il n’était pas intouchable, il n’était pas hermétique, et l’unique goutte qui perla sur sa peau chaude lui fit l’effet d’une piqure d’acide. Il avait compris mais sans comprendre. Son cerveau n’était pas formaté pour pouvoir décrypter un tel nombre de signaux, son esprit n’avait pas la logique nécessaire pour emmagasiner ce que ces quelques mots, jetés ainsi, sans artifices, pouvaient signifier. L’innocent dont il se drapa l’empêcha de comprendre. Pourtant il comprit. Il comprit que le nuage allait s’abattre sur sa tête, qu’il ne pourrait éviter les gouttelettes. Sans en dire plus, Lawrence avait saisi. C’était le reste de sa réflexion qui refusait de suivre le mouvement de la logique implacable de l’information à peine soufflée. « Tu veux.. aider.. à.. » La main passa sur sa nuque et il jeta un regard vers ses pieds, la carapace se fendait légèrement.
Un nuage passa.
Il comprit.

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MessageSujet: Re: [Eckhart] I saw a thousand years pass in two seconds. [Eckhart] I saw a thousand years pass in two seconds. EmptySam 16 Aoû - 1:46


« Le vent qui vole et vient. L'air qui se fige et révèle son emprise au travers des grains de sable. Le regard clos. Les mèches dans les flots de la brise. Le temps. Lent et inatteignable passe. Inexorable. Plus rien n'existe, plus rien n'est réel. Juste le temps et la brise dans les cheveux. Juste la vie et le vent sur ses pores. Le temps. Le moment se fige, se poursuit. Et le cocon se referme. Lentement. Comme si tout était devenu irréel. La lumière s'estompe, fuit à l'horizon. La nuit saisit les secondes.
On l'appelle. Il fait face à l'éclat de la lune puis se retourne. Il est l'heure.
Il se relève, quitte l'amont de sable et trace sa route dans ses pas.
La tente est pleine. Silencieuse. Il sort sa note de l'intérieur de sa veste. A peine froissée, il la jette dans le carré de carton rougi, quitte la pièce en silence suivi par d'autres aux même gestes clairs et répétitifs.
Il repart en arrière en fermant les yeux.

"Chère Mekenna"

L'idée lui paraît étrange, sans intérêt. Il a du mal à la saisir. Pourtant il a pris le parti de s’exécuter. Les tenants lui échappent comme les aboutissants. Une lettre. Une note. Il a arraché un morceau de papier d'un vieux carnet jauni et commence à écrire.

"Chère Mekenna"

Pourquoi elle ? Sans doute parce que l'idée lui paraît alors plus logique. Cette lettre n'arrivera jamais à destination sauf si l'on croit aux préceptes. Alors il l'a choisi, elle. S'il avait du écrire des lettres comme tous les autres, elles auraient été pour elle. Son esprit se perd à l'horizon. Il manque d'inspiration. Il ne lui a jamais écrit de lettres. Il n'en écrit d'ailleurs jamais. Il n'a pas de destinataire. Il jette un regard à Landon. Il connaît déjà son destinataire. Il sourit, retourne son regard vers la sienne.

"Chère Mekenna.
L'idée n'est pas la mienne mais au demeurant, elle ne me paraît pas si mal. Tu ne recevras jamais ses mots. Alors pourquoi te les écrire ? Sans doute pour cette même raison. Tu ne les recevras jamais comme tu n'as jamais pu les recevoir. Alors peut-être dois-je tenter de te les écrire. Les ans passent et je perds le compte des jours. Je me refuse à imaginer ton âge comme je me refuse à me rappeler du nombre d'années. J'ai beau croire, j'ai parfois des doutes. Sais-tu, voies-tu, entends-tu ? Si je me fie à ce que je sais, si je me fie à ce que je crois, alors oui. Aussi tout cela ne sera peut-être pas si vain. Tu as vu ce jour-là, tu as vu le refus dans mes yeux au moment de presser la détente. Tu sais pourquoi je ne l'ai pas fait. Au delà de tous, tu es sans doute celle qui me connaît le mieux, me connaissait le mieux. Le passé ne te sied guère, ma petite Mekenna. J'aime penser à ce que tu serais devenue parfois, même si je refuse d'y voir la réalité. Aurais-je embrassé cela avec toi ? Peut-être bien, sans doute. Pas pour l'honneur, tu le sais comme moi, même si tu n'as eu le temps de le saisir ou de le comprendre. Si jeune et si belle. Ma petite Mekenna. J'ignore encore ce que tu en penses mais je trouve cela mieux que rien, en fin de compte. J'ai ce fameux permis maintenant. Je ne l'aime pas pour autant. Peut-être en as-tu croisé la première victime. Une partie de moi rêve que ça ne soit pas le cas. Ou alors elle aura été une erreur plus grande encore. Tu ne serais plus seule, cette fois non plus, Mekenna. C'est pour cela qu'on écrit, c'est pour cela qu'ils veulent qu'on écrive. Pour eux. Elle les a tous saisi, Mekenna, comme elle t'a saisi, toi. Je m'interroge parfois sur sa raison, sur son intérêt. Je ne remets en cause aucun dessein mais j'ai parfois bien du mal à les comprendre. Les comprends-tu désormais ? Demain, nous devrons aller les annoncer. Comment annonce-t-on que la faucheuse est passée Mekenna ? Existe-t-il seulement une bonne manière de le faire ? Ma dernière expérience en la matière n'avait rien de bien réussi. Tu t'en souviendras sans doute. Etais-je trop jeune alors ? Je doute pourtant que cela eut pu y changer quelque chose. Alors comment procède-t-on ? Comment mettons nous fin à une vie par les mots ? Il n'existe sans doute pas de solution miracle, j'en ai peur. Sans doute me le confirmerais-tu si tu le pouvais. Tu me manques, Mekenna. Chaque jour. Chaque seconde. Chaque heure. Tu me manques. La vie est injuste, en dépit de tout ce que je pourrais croire. C'est la vérité la plus froide et la plus implacable. Je t'ai perdu, Mekenna. Le monde ne pourra jamais être juste. Je n'ai plus que ton souvenir pour me donner espoir. Puis-je trouver la force de ne pas détruire d'autres vies, comme on a détruit la nôtre.
Je t'aime, Mekenna.
Et tu me manques.
Ton frère,
Eckhart.
"

Il retourne son regard vers Landon. C'est pour lui, pas vrai ? C'est pour Whizz ? Ses yeux le lui confirment. Il sourit presque. Il replie sa lettre entre ses doigts, la range dans sa veste et sort, Landon sous un bras.

Les jours qui suivirent ne furent que cris et larmes. Il n'existe pas de bonnes manières, il l'a bien compris. Il observe, parfois. Entend. Parfois les mots, parfois les gestes. La langue fait aussi défaut mais le deuil est universel. Les regards parlent pour les hommes et l'humanité s'éteint dans le silence. Le soleil lui fouette le visage au gré du vent. Le regard se perd sur l'horizon. Il est surpris. D'un geste des doigts, il saisit la fortune. L'incompréhension le prend. Le bout de ses doigts est mouillé. Avec un nouveau geste, il saisit. L'eau sur ses joues a coulé sans prévenir. »

Il n'est pas de bonne manière. La douleur est la même. Et les regards bien souvent parlent avant les mots. Il a beau cherché, il a beau réfléchir. Il a beau supplié. Il sait que les mots ne viendront pas. Les mots ne sont rien, ils ne sont que ruines. Il refuse de s'en remettre à d'autres. Pendant une seconde, il se demande ce que Landon a bien pu écrire dans sa lettre. Il a pourtant son destinataire devant les yeux. A la pensée de ce qu'il s'apprête à faire, il préférerait encore la douleur. Il souhaiterait plutôt que la machine cesse de fonctionner. Mais elle est toujours là, bien vivante, bien présente. Elle attend son heure, comme il attend la sienne. Il le voit sourire, la mécanique le serre. Il veut oublier. Juste une seconde. Lui parler comme s'il était bel et bien là pour autre chose. Comme s'il n'était pas qu'un messager. Comme s'ils avaient encore quelque chose en commun. Il a presque envie de sourire lui aussi. La pensée lui en donne l'envie. Hormis Descartes. Il ferme le regard, retient son sourire.

- Non, il n'a jamais vraiment réussi. Ca n'est pas faute d'avoir essayé pourtant.

Une micro-seconde. Juste une micro-seconde. S'il te plaît. Il continue pourtant. Il est là pour lui. A son sujet plutôt. Mais cette partie ne franchit pas ses lèvres. Il n'est pas encore assez clair. Il le sait. Il n'a pas envie de l'être. Pas encore. Il cherche sans trouver, il sait qu'il rêve mais il désespère et s'en veut. Il revoit Landon dans ses traits et a juste envie de hurler. Rien ne franchit pourtant. Il ne peut pas, il en est incapable. Il n'ose même pas l'infirmer. Il n'a pas les mots. Il ne les a jamais eu.
Une goutte perle sur son front puis sur le sien. Il perd son regard une seconde, le lève vers le ciel. Une autre. Juste une seconde. Il revient à la réalité et il sait qu'il a parlé. Que les regards sont plus forts que les mots. Plus meurtriers. Bien moins vivants aussi.

« -Tu sais, Eck', ce n'est pas parce que ça n'a pas pu arriver la première fois que tu ne peux pas recommencer.
 - On a déjà parlé de ça, Lan'. C'est hors de question.


FB - Afghanistan. Last Day.

 - Je sais, je sais mais - il se mord la lèvre, l'observe. Il a l'air désolé. Il le comprend mais il n'a pas envie - Ca fait plusieurs années Eck' et tu es encore jeune.
- Ca n'y change rien, Lan'. Je ne le supporterais pas une seconde fois. Je t'en prie.

Il ne répond rien, parle du regard. Eckhart détourne le sien. La conversation revient souvent mais il l'évite toujours. Pour lui, elle est close. A jamais. C'est terminé. Plus de retour en arrière possible, plus d'envie. Il a envie de se lever et de repartir. Il n'en fait rien. Se tait seulement. Il sent la main de Landon sur son épaule, la saisit entre ses doigts puis la laisse partir.

Quelques minutes plus tard. Dans le cockpit. Cette fois, il lui sourit. Il a presque envie de lui répondre. Il se contente de mettre l'appareil en marche. La naissance d'un sourire au coin des lèvres. Sa voix résonne. Encore et encore. La mélodie est toujours la même. Répétitive mais au final, il l'aime bien. Elle lui donne l'impression d'être vivant. D'une certaine manière. Ils le font tous. D'une certaine manière. L'habitude saisit ses gestes. Rien ne change vraiment jamais. Enfin, c'était ce qu'il croyait.
Il ignore d'où cela provient. A la vérité, il n'y comprend rien.
Il ferme les yeux. Ses mains se perdent. Il est devenu sourd à l'extérieur.
La raison le saisit pourtant. Il saisit son regard, le jette sur le tableau de bord.
C'est inutile.
Il se retourne alors, croise le sien. Je suis désolé.
Lente et rapide. Implacable et réelle. Douloureuse sans être vivante. La mort veut les saisir mais paraît les manquer. Son cœur manque un battement. Éclate un instant. Il suffoque. Il chute. Ils chutent. Il tente de saisir son regard. Ne pas lâcher son regard. Pas le sien, pas le sien.
Il se perd. Retrouve la voie. Le croise. S'y accroche. Ca va aller bro', ça va aller. Pas toi, pas nous. Pas cette fois.
La chute. Les flammes dansent. La fumée. Le brouillard. Il le perd une seconde, se prend à paniquer. A l'appeler dans l'ombre d'une voix sombre et inaudible car infranchissable.
Eckhart.
Il reconnaît le sien. Le cherche. Son regard. Ou est-il ?
Il tente de bouger. Ses membres lui hurlent de ne pas le faire. Il étouffe alors un gémissent de douleur. Le soleil transperce l'air mais les flammes se rapprochent. Il a peur. Pour lui. Son heure est venu. Pitié, plutôt moi que lui. Plutôt moi que lui. Laissez-moi les retrouver. Laissez-le libre. Il a envie de prier. Il prie. Pour lui.
Landon.
Sa voix est brisée, se perd dans l'ombre. Il bouge. Se fige. La douleur. Son coeur se serre. C'est le chaos. C'est ainsi qu'il est pas vrai ? Aussi sombre et anarchique. Aussi réel. Il manque un battement. Suffoque. Il entend des pas. Un bruit sourd. Ils sont venus. Ils sont venus l'achever, les achever. Moi, pas lui. Moi, pas lui. La fumée prend une autre direction. Son regard en saisit un autre. Il le reconnaît. Il sourit. Il est vivant. Il peut mourir. Il peut partir. La douleur lui dit de partir. Son coeur lui paraît avoir quitté sa poitrine. Il l'entend paniquer. Il saisit ses yeux des siens.
Landon, regarde-moi. Landon, ça va aller. Ca va aller. Tu vas rentrer. Tu vas les revoir. Tu pourrais raconter tes conneries à Whizz. Il en a bien besoin pas vrai ? Lan', bro', ça va aller, ça va aller. Le pire est passé. La boite est là. Ils vont arriver. Tu me fais confiance, Lan', tu me fais confiance ?
Son regard le lui confirme, il sourit. Un battement manque encore. Un sursaut. Il sait qu'il va y rester. Mais Landon va s'en sortir. Il n'y parvient plus, relève le regard. La lumière. Elle est aveuglante. Il sourit. Le soleil l'emporte.
Mais ça n'a pas suffi. »

Landon n'a pas survécu. Il aurait du. Tout comme lui. Mais ça n'a pas suffi. Le verdict a fini par sonner. Implacable. La chute après les espoirs. Il se hait. Il se hait pour y avoir cru. Il se hait pour avoir échouer. Il était censé aller mieux. Mais il lui avait menti. Il leur avait menti. Et il s'en veut autant qu'il lui en veut.

- Non, Whizz. - une seconde, juste une micro-seconde. Je suis désolé.

Ca le bouffe, ça le prend. Il sait qu'il va devoir le faire, y venir, se confesser. Il ne s'est pas confessé depuis longtemps. Il en a perdu l'envie et la raison, mais cette dernière vient de se rappeler à lui. Landon, reste avec moi. Reste avec moi, bro'.

- Je le ferais. Si tu veux. Si ça peut vous aider ou vous arranger mais ...

Il se mord la lèvre, se perd dans son regard. Landon.
Je suis désolé.

- Ce n'est pas pour ça que je suis ...

Ne pas rompre. Ne pas céder. Existe-t-il seulement une bonne manière de le faire, Mekenna ?
Il n'existe pas de bonne manière.

- Je suis désolé, Whizz. Lan' ne rentrera pas.

Parce qu'il n'a rien laissé. Parce qu'il n'est plus là. Parce qu'il a cru survivre et qu'il s'est fourvoyé. Parce que je l'ai perdu en croyant le voir vivre. Parce que la vie est injuste. Parce que la mort est implacable. Parce que la raison nous manque et que mon coeur refuse de battre. Parce qu'il est encore là-bas mais qu'il n'est plus là. Parce que tu l'as perdu, comme je l'ai perdu, elle. Je suis désolé, Whizz, je suis désolé.

- Pas cette fois.

Il sent l'humidité se saisir de ses yeux, se refuse à y céder. Non, pas lui, il n'a plus le droit. Il a survécu alors que la fatalité voulait s'acharner sur lui. Landon est mort alors qu'il se croyait vivant.
Pardonne-moi. La sentence implacable saisit le vent et vole sur les nuages. Il ne baisse pas le regard mais refuse de le fixer à nouveau. Parce que les regards parlent plus que les mots.
Parce qu'il sait que son regard ne fera que confirmer les siens.
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L. 'Whizz' Fenley

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[Eckhart] I saw a thousand years pass in two seconds. _
MessageSujet: Re: [Eckhart] I saw a thousand years pass in two seconds. [Eckhart] I saw a thousand years pass in two seconds. EmptyVen 12 Sep - 13:24

Eckhart & Lawrence

Les mots claquèrent l'air, fouettèrent sa peau, mordirent son coeur. Que le temps s'arrête, que l'univers cesse de s'étendre, la Terre de tourner, les oiseaux de chanter et les nuages de passer, de continuer leur vie comme si rien n'avait d'importance. Encore un peu. Juste quelques secondes. Encore un peu, laissez le reprendre son souffle, rouvrir ses yeux. Laissez le, une dernière fois, se perdre dans une insouciance jouée, fausse lais si libératrice. C'était trop brutal et pourtant il avait cette désagréable sensation que ce n'était passez violent, pas assez sec, pour qu'il en comprenne le sens précis, du poins son cerveau ne paraissait pas avoir déterminé tout les tenants et les aboutissants de ces quelques mots jetés dans le vent, grains de sable qui se perdront dans l'immensité du monde, qu'on oubliera trop vite, mais son coeur.. Son coeur avait bien cerné, saisi le sens caché, et ses battements se firent démesurés, plus lents, plus courts, presque absents. Respirait- il encore? Rien n'était plus incertain que de savoir s'il était encore en vie, ou juste éveillé. Il se mordit la langue et aussitôt une larme monta à son oeil droit pour disparaître dans l'instant, sans couler, l'obligeant à comprendre que tout ceci était bel et bien ancré dans une réalité amère, acide, lui brûlant le gosier et les poumons alors que l'air s'engouffrait dans sa trachée aussi tranchant que des lames de rasoir. Non Whizz. Il aurait voulu se boucher les oreilles. Je suis désolé. Était-ce suffisant? Cela ne lui fit rien de particulier comme effet au contraire, ces quelques mots lui donnèrent la sensation d'un violent coup de marteau sur sa tête, devenu clou rouillé, oublié quelque part, s'enfonçant dans la terre meuble. Incapable de bouger, il se contenta de fixer Eckhart, le regard clairement vide, perdu quelque part dans le néant des souvenirs que le sablier n'avait pas altéré.

"Il y a eu un accident les enfants, votre tante et son époux sont morts." Harrold avait regardé ses trois fils, Lincoln encore chez un ami, en essayant de sourire.
Flashback. La question.
Assit sur son fauteuil, le père avait posé un regard empli de compassion et de douleur, sur ses garçons qui échangeaient des regards hésitants. Ils savaient depuis longtemps ce qu'était la mort, surtout quand ils avaient vu leur oncle achever une bête en souffrance. À leurs yeux c'était donc une forme de libération, de soulagement, comme lorsqu'ils retiraient des souliers trop petits, qui leur blessaient les pieds, après une journée d'école à courir dans tous les sens. Landon avait posé une main sur le genou de son père, Levi triturant son t-shirt sans savoir quoi dire, et Lawrence était resté figé, interdit. Un regard sur la photo du meuble derrière Harrold, ou quatre garçons souriaient en s'empilant sur le dos de leur père affalé sur l'herbe, et observant les visages prisonniers du papier glacé, il s'interrogea; si l'un de ses parents venait à mourir, que ressentirait-il? Et si c'était un de ses frères? Était-on supposé connaître la réponse à ses questions quand on avait à peine douze ans ? Il n'en était pas certain. "Il faudra être très gentil avec maman, elle vient de perdre sa soeur.." Et en montant les escaliers pour rejoindre la chambre de leur mère, Whizz s'était heurté au chagrin de la femme. Ne l'ayant vu pleurer qu'une fois depuis qu'il était petit, pour la naissance de Dell, sa nièce par alliance, la voir dans cet état de douleur tangible, palpable, l'avait bloqué. Il se surprit à penser qu'elle pourrait avoir au moins la décence de cacher sa douleur à ses enfants, mais pourtant il avait compris, saisi l'ampleur de ce qu'elle vivait; ce n'était pas seulement une vie qui s'était arrêtée, c'était aussi l'idée de s'inventer de nouveaux souvenirs, de souffrir en songeant à ceux déjà existants, d'imaginer que le monde pouvait continuer de tourner quand l'autre ne serait plus là pour faire des ronds. S'il comprenait, pourtant, il ne parvenait pas à imaginer. "Landon.., ce soir-là il s'était invité quelques minutes dans la chambre de son aîné, si je mourrais un jour, tu serais triste?" et il avait surpris, dans le regard de Landon, une hésitation de courte durée avant qu'il n'hoche la tête interdit. Whizz avait pris ça pour une marque de lassitude, en réalité l'adolescent s'interdisait de songer à une telle chose. "Et moi Whizz, tu serais triste?" Le garçon s'était arrêté dans l'encadrement de la porte, les mains sur le bois, avant de hausser les épaules pour rétorquer le plus sincèrement du monde: "Je sais pas."

Et il ne savait toujours pas avec certitude, incapable de comprendre que c'était pas cette incapacité à saisir l'étendue de l'effet de la nouvelle, donnant à son âme la sensation d'être à vif, qu'il avait la réponse. Par son manque total de réactivité, sans parvenir à savoir ce qu'il allait faire, dire, sentir, penser.. Il ressentait le vide le plus total, le plus étouffant, que les mots d'Eckhart déclenchait en lui. Une tempête de rien. Un cyclone d'absence. Un torrent de néant. À tel point que Whizz s'interrogea sur l'existence de son coeur, ce palpitant mal foutu incapable de battre la mesure qu'il fallait, de filtrer l'air. Bras ballant, droit comme la justice, il en oublia que son oeil invalide était à nu, le vent ayant déplacé les mèches de cheveux qui le camouflait maladroitement. Une perle roula sur sa joue. Il ne la sentit pas. Existait-elle réellement au moins? Comment savoir, comment faire, quoi dire. Son cerveau semblait s'être mis sur pause, arrêt sur image, les traits du visage de l'homme face à lui s'incrustant dans sa rétine de peur de ne pas réussir à se souvenir si jamais il clignait des yeux ou détournait le regard.
'Lan ne rentrera pas.
Jamais? Souffla une voix au fond de son crâne, perchée sur son épaule, chuchotant au creux de son oreille; la peine se frottait à lui sans qu'il parvienne à la ressentir, hermétique et pourtant à nu. À vif. Le regard de Whizz se perdit sur celui d'Eckhart et devant la brillance de ses prunelles claires, il leva une main comme pour l'arrêter, la voix bien plus tremblante qu'il ne l'avait voulu. "Non. stop. De quel droit?" De quel droit cet homme se tenait-il devant lui? De quel droit montrait- il son chagrin? De quel droit s'autorisait-il à dire de telle chose? De quel droit Whizz avait-il le sentiment de mourir à petit feu en comprenant qu'il avait perdu un frère... De quel droit Whizz se sentit-il meurtri quand il avait donné si peu d'importance à son aîné de son vivant? Pourquoi ne devait-on comprendre l'importance d'un être que lorsque ce-dernier vous était arraché de force, injustement. Injustice totale.
Quelle logique là-dedans? Son oeil bleu se posa sur les sur les champs et tout à coup, tout lui paru si dérisoire, si inutile, si vide de sens. Un regard vers le moulin et il songea à sa mère qui s'y trouvait, alors il passa à côté d'Eckhart sans savoir comment il parvenait à se mouvoir. Il voulait s'éloigner pour éviter qu'elle ne les voit, qu'elle ne s'interroge sur ce qui pouvait autant occuper son fils avec cet inconnu, ce qui pouvait le mettre dans cet état frôlant la catatonie. Le nuage sembla le suivre, gorgé de sa misère, de la peine qui commençait enfin à lui nécroser le coeur.

"Qu'est-ce que je dois dire.. Faire..." désiroire, encore, toujours. Il s'approcha d'un muret contre lequel il s'appuya, trébucha et se laissa tomber assit sur le sol terreux, sans sentir les cailloux dans sa chair qui le blessait, les jambes étalées sous ses yeux, les mains sur les cuisses. "P'tain." il la connaissait sa réponse, à cette question que Landon lui avait retourné des années auparavant. Triste, sans doute. S'il lui manquerait, surement. S'il était en colère... Aucune idée. Relevant le regard vers l'homme, il tendit la main pour le pointer, l'air hésitant, avant de laisser retomber sa main. "Pourquoi c'est toi.. Pourquoi t'es venu ? Tu te rends compte de ce que tu viens de faire.. T'as une idée de.. De.. Merde.. MAIS MERDE!" Cognant volontairement l'arrière de son crâne contre les pierres du muret, il leva le nez vers le ciel, les paupières closes, les joues couvertes peu à peu de larme qu'il ne sentait pas. "Rends moi service. Dis le. J'ai besoin de l'entendre clairement, j'ai besoin d'être sûr que c'est pas une de ses blagues idiotes. S'il te plaît, dis moi juste.. Juste.. Juste.. Dis le.." la voix tremblante, Whizz n'avait clairement plus rien de l'être détaché qu'il se plaisait à paraître. Ses yeux rivés sur Eckhart, il n'y avait pas vraiment de haine à son égard, il semblait plutôt s'accrocher à lui l'espoir d'un enfant inconscient ne saisissant toujours pas la dureté du ponde l'entourant. C'était ça. A cet instant, Lawrence avait de nouveau six ans et ne comprenait rien.
Pourtant il avait compris. Et ça faisait mal.

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Eckhart Carsten

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[Eckhart] I saw a thousand years pass in two seconds. _
MessageSujet: Re: [Eckhart] I saw a thousand years pass in two seconds. [Eckhart] I saw a thousand years pass in two seconds. EmptyDim 4 Jan - 22:44

La chute. Lente. Inexorable. Le fond paraît si loin. Pourtant il se rapproche. Toujours. Jusqu'à la fin. La douleur. Elle ne vient pas. Elle attend. Insidieuse et puis soudain, elle arrive. Effroyable. Suffocante. Le souffle coupé. Les yeux rivés sur le ciel. A moins que ça ne soit qu'une pâle lumière blanche. L'éclat est aveuglant. La réalité l'est toute autant. La réalité est là. Bien présente. Tout aussi douloureuse mais la chute paraît trop belle. Non, on reste vivant. Présent. Physiquement présent. Le cœur éclatant, se brisant en mille morceaux sur un sol inexistant. La douleur paraît réelle mais elle est pire. Elle est incurable. On ne peut la panser. On ne peut passer outre en se concentrant sur autre chose. Elle est là, au travers des veines, paralysant le moindre nerf avec un plaisir malsain et brutal. La chute n'est que figurative. Elle paraît pourtant si proche de la tangible réalité. Mais elle n'est rien. Rien qu'une effroyable et inextricable impression. Il n'y a pas de ravin, pas de falaise à remonter. Juste le vide et froid glacial du blanc albâtre. Les murs sont invisibles, perdu dans le noir et dans l'infini des pensées sombres. Régissant alors l'esprit dépourvu de sens commun. La douleur physique paraît préférable. La chute à même le sol contre le marbre lui semble soudain une bien meilleure option. Comme avant. Quand il parlait trop, quand il parlait mal. Quand ses mots et ses idées reflétaient d'autres horizons. Quand on jugeait utile de tâcher ses pommettes à l'encre rouge. Il ne rêve que de ça à l'instant. Parce qu'il le mérite. Il en est persuadé. Pour avoir brisé une vie, des vies, en l'espace de quelques mots. Alors pourquoi pas cette fois ? Pourquoi l'être qui se prétend son géniteur ne peut-il user de ses mains aujourd'hui ? Pourquoi la sanction ne vient-elle pas quand on l'attend ? La mise à mort de la culpabilité paraît sans doute trop clémente. Il attend la foudre. Ne reste que la chute. L'autre. Celle qui mène au fond du gouffre, le cœur au bord des lèvres et l'humanité à l'orée de la raison. La fin d'un monde, la fin d'une époque. Le début de la fin.

"- Je les aurais un jour, je les aurais. Je te jure. Je le jure sur Dieu. Ils vont payer. Tous.

FB - Afghanistan. Cinq ans plus tôt.

Il l'observe, hurlant au vent et à l'horizon. La bouteille à la main. Il ne devrait pas avoir cette bouteille mais ça n'est pas aujourd'hui qu'il lui en fera la remarque. Il a plutôt envie de lui en prendre une gorgée. Il se retient. Il en a sans doute plus besoin que lui. Lui n'est pas seul. Pas ici. Il sait que ce soir, il pourra sortir. Fuir la réalité. Sentir le souffle de la vie elle-même au creux de son cou. Il observe alors. Sans un mot. Le regard perdu sur la silhouette folle de Landon. Il ne veut pas tenter de le calmer non plus. A quoi bon ? Il n'en pense pas moins. Mais il ne dit rien. Il observe seulement.

- T'es avec moi, hein ? Eck', t'es avec moi ?
- Tu connais déjà ma réponse.
- J'espère vraiment que ... si ça a quelque chose à avoir là-dedans ...


Il sent la menace sous-jacente. Il n'a pas besoin de plus. Il sait à quoi Landon pense, à qui. Mais il peut cesser. Il ne lui en veut même pas. Il n'est pas le premier à avoir des soupçons, des suspicions. Mais il n'y a aucune raison d'en avoir aujourd'hui. Le doute n'est pas permis. Il le sait, le sent. Le vit. Incessamment.

- Oublie. Ca n'est pas le cas. Tu as ma parole.
- Bien. Parce que ... Eck', tu sais que ... je voudrais pas ...
- Je sais
- Bien. Bien.


Il est à moitié saoul, menaçant sans l'être. Il n'a rien d'effrayant. La douleur le rendrait presque pathétique. Mais alors ils le sont tous. Lui a déjà l'habitude. Mais Landon découvre encore. L'amère réalité de leur condition. De l'humanité. De l'histoire. De la guerre dans laquelle ils sont embarqués. La perte des frères d'armes. Il prit pour ne jamais le voir en perdre un dans la réalité."

La fin d'une réalité sans fond. Il se refuse à chuter cette fois pourtant. Pas ici, pas comme ça. Pas devant lui. Son tour est passé. Il reviendra sans doute. Plus violemment encore. Plus ardemment. La mécanique finira peut-être par rouiller. Noyée dans les larmes et le sang. Il serait bien temps. Il viendra alors. Bien assez tôt.

La sentence a battu l'air. Elle saisit ses poumons, le prive d'oxygène. Il se refuse à baisser le regard pourtant. Ne reste que la pluie qui ne veut tomber. Tout comme il refuse à ses larmes la liberté. Non. Pas cette fois. Pas cette fois. Pas ici. Il observe le jeune face à lui. Incapable d'un mot de plus. La lame a battu l'horizon et anéanti le dernier rayon de soleil.
De quel droit ? De quel droit en effet. Aucun. Il le sait. Il le sent, chaque jour un peu plus. Mais pourtant. Il a le droit aussi. Juste pas là. Pas ici. Pas comme ça. Il se refuse à fuir. Se refuse à partir, à chuter lui aussi. Il cligne. Incapable d'autre chose. Il le sent s'éloigner pourtant. Ainsi donc voici son couperet. Il aurait préféré qu'il le frappe. Il passe à côté de lui. Mais lui-même ne se sent pas capable d'amorcer le moindre mouvement. Figé dans le temps. L'air paraît sans doute si froid. Mordant, presque brûlant.
Sa voix pourtant. Il se retourne sans y prêter attention. Muet. Muet et lâche. Faible. Misérable. Ses yeux le suivent. Il manque d'amorcer un mouvement en le voyant chuter. N'en fait rien. La chute. Inévitable. Figurée comme réelle. La similitude lui crèverait le cœur s'il en avait encore un. Il se rapproche. Lentement. Se fige en le voyant relever le regard. La brûlure sur ses traits est insupportable. Les mots, implacables.
Les questions n'ont nulles réponses. Le regard droit. Sans larmes.
Tu te rends compte de ce que tu viens de faire...
Il baisse soudain les yeux. Puis les relève.
La réalité. Il aurait préféré la douleur.

"Un nouveau jour sans intérêt. Il ne rêve que de fuite. N'en fait jamais rien. Pas quand Mekenna l'attend. La lumière à l'horizon. La nuit pourtant arrive. Assassine.

FB - Washington D.C. 25 ans plus tôt.

Le vide. Rien d'autre. Les mots n'ont plus de sens. Ils ne peuvent être réels. Pas elle, pas elle, pas elle. Il les refuse. Les rejette tous en bloc. Ils sont faux. Ils sont forcément faux. Les excuses sont lettres mortes. Les regards, des illusions.
Tout va bien, elle va bien.
Les lumières défilent. L'espoir est là. Il s'accroche. Lentement. Lourdement. Il est réel, bordel, il est réel. Pas vrai ? Dis-moi qu'il est réel, dis-moi qu'il est réel. Le reste est un rêve, pas la réalité. Le reste n'a aucun sens, ça ne pourra jamais arriver. Pas comme ça. Pas comme maintenant. C'est absurde. Tellement absurde. La peur brûle le cœur mais il bât. Bien vivant. Le sien aussi. Le sien aussi, évidemment.
Le temps défile, les heures avec. Il observe tout mais ne voit que du noir, à moins que ça ne soit du blanc. Les lumières l'aveuglent. Les minutes s’égrainent. Elles sont tellement longues. Trop longues. Il suffoque, se relève. Il écoute à peine Macaire déblatérer pour se rassurer. C'est un idiot. Ca a toujours un idiot. Elle va bien. Bien sûr qu'elle va bien. C'est inconcevable autrement.
La réalité pourtant. Les heures ont marqué leur fin. La sentence. Ou est-elle ? La vérité soudain. A moins que ça ne soit le mensonge. Bien sûr que c'est un mensonge. Ces mots ne peuvent être la réalité, ni la vérité. Ces mots ne sont qu'illusions et perles sur les rochers. L'heure sonne pourtant. C'est terminé.
Fini.
Le glas fracassant. Son âme se brise à mesure que son cœur perd la mesure. C'est terminé.
Sait-il seulement ce qu'il vient de faire ? L'homme en blanc affiche un air désolé. L'autre derrière paraît figée. Irréelle. L'ange de la mort. Il ne rêve alors que de lui tendre les bras. Pour qu'elle puisse l'emporter. Comme elle a emporté l'ange qui faisait briller les étoiles de sa réalité"

Tu le savais, Landon. Tu le savais. Comment as-tu pu faire de moi ce que j'ai haï pendant plus de la moitié de mon existence ? Je te hais, tellement. Tu as été fou. Tellement fou. Tout ça pour quoi ? Ils ont payé mais tu as été le prix.
Il sait. Il sait et ça l'anéantit à petits feux. Lentement. Trop lentement.
Il rêve de le crier. De le dire. Mais il n'a pas le droit. Les question restent sans écho. La mécanique a soudain un raté. Mais il n'en a que faire. Il a d'yeux et d'intérêt que pour la douleur qu'il vient de créer. Face à lui. Il se refuse à penser à elle. A eux. A tous les deux. Et aux autres. Au monde des autres. Au lieu du monde réel. Sa main frémit encore. Il la masque à peine. Il sent son regard, sent ses mots, croise ses prunelles. La voix lui manque. La réalité lui fait peur. Il doit pourtant. Le murmure saisit ses lèvres, devient plus audible. Ses yeux quittent ses traits, y reviennent ensuite.

- Landon est mort. Il ne rentrera pas.

Son regard se baisse soudain. Il refuse de voir l'espoir s'y briser. Comme le sien. Il ne sait qu'ajouter d'autre. La réalité est bien plus douloureuse que les formules. Les mots tout faits. Les idées toutes prêtes. Il est mort en héros. Il a servi son pays. Il est parti dans l'honneur. Il a accompli son devoir. Du vent. Des illusions. Des traits noirs sur un tableau d'argile pour masquer la réalité. La tangible et douloureuse réalité. Une goutte tombe à nouveau. Puis une autre. Il relève lentement les traits. La pluie pour les larmes. Même le ciel a compris.
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