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 You don't live, you survive.

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Z. Gabriel Witting

Z. Gabriel Witting
is in Buffalo, Wyoming
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Admin

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◊ moving in to Buffalo : 06/08/2014


You don't live, you survive. _
MessageSujet: You don't live, you survive. You don't live, you survive. EmptyMer 6 Aoû - 2:22

Zachariah Gabriel Witting

« for every sorrow there is a light »


nom : Witting, pas de quoi frétiller dans son slip.
prénom(s) : Zachariah, Gabriel. Sans doute que sa mère était dans un trip religieux.
surnom(s) : Gab', Zach, Sleepy.
date de naissance : 12 mai 1983.
lieu de naissance : Helena dans le Montana.
âge : 31 ans.
nationalité : Américaine.
métier : Barman au Saloon de la ville. Avant il bossait dans une boite pour il sait plus quelle enseigne, le con qui décrochait le téléphone ? C'était bibi
situation : Pas de copine connue, mais il a ordre de ne plus approcher les Fenley.
orientation : Hétérosexuel

caractéristiques, tics, signes particuliers, choses à savoir
Il fume quand il travaille, ça l’aide à tenir le coup, enfin c’est ce qu’il se dit. Sinon il a essayé d’arrêter douze fois, la treizième tentative devrait pas tarder + C’est un emmerdeur, le genre à vous pousser à cracher le morceau s’il voit que ça va pas + Adore les disputes de filles, ça le fait marrer de les voir se bouffer le nez pour des trucs à la con et plus le sujet est absurde, et plus il prend son pied + Je-m’en-foutiste il hausse beaucoup les épaules quand il en a rien à faire, mais sinon il parle pas mal, surtout pour dire des conneries + Il a horreur des crocodiles, on sait pas trop d’où ça lui vient mais ne serait-ce qu’un dessin de la bête et il prend la tangente + Parce qu’il est barman on se confie souvent à lui derrière un verre mais il donne rarement de conseils, disons qu’il dit toujours ce qu’on veut entendre + Pas très impliqué dans le conflit, ça l’empêche pas de regarder les deux familles se battre en souriant, il boufferait du popcorn pour parfaire le truc que ça choquerait personne + Gaby se donne des allures de mec fermé mais il est ultra sociable et très marrant, enfin lui se considère comme quelqu’un de très drôle et si t’es pas d’accord va voir ailleurs - avec levé de majeur qui va bien - + Il est pas doué pour rompre, c’est d’ailleurs pour ça que ‘Pappy’ Fenley veut plus le voir traîner près de sa fille + Il tourne toujours la médaille qu’il a autour du cou, surtout pour que le fermoir soit bien placé sur sa nuque + A la sale habitude de graver le comptoir avec la pointe d’un couteau quand il écoute un habitué lui rapporter ses déboires + Dessine très bien, surtout des caricatures et autant dire que ça y va des caricatures des grandes figures du coin + C’est un romantique refoulé, il admet pas vraiment qu’il est fleur bleue, surtout parce que ça le fait chier cette tendance à s’amouracher des premières filles avec qui il échange plus de trois mots + Il a un grand frère dont il n’a plus aucune nouvelle, sauf si on compte la carte qu’il reçoit pour chaque Noël parce que cet abruti se souvient pas de la date d’anniversaire de Gaby + Aimerait bien avoir des enfants, mais pas se marier, et d’ailleurs il est très doué avec les gosses + A une patience plus ou moins développée selon qui lui fait face mais si on le prend pour un con, il se fâche vite + Il a la fâcheuse tendance d’oublier les prénoms des gens, par contre il retient très bien leur visage + A la bougeotte et pourtant il compte pas bouger de Buffalo, parce qu’il s’y sent plutôt bien + Il a une sainte horreur de la série Once Upon A Time, d'après lui y a des trucs auxquels on a pas le droit de toucher, les contes en font partis.…


avatar : Michael Pitt
groupe : Riders in the Sky.
inventé/scénario : Inventé



Depuis combien de temps êtes-vous à Buffalo ? Vous y plaisez-vous ?
Deux ans, huit mois et une semaine. Je vous donnerais bien les heures et les minutes en prime mais pour ça faudrait que les piles de ma montre fonctionnent encore. J’vous le dis, y a pas que le réseau qui est pourri ici, les piles aussi elles durent pas. C’est pas la question je sais. Je dirais que si je suis encore ici c’est pour une raison non ? Bon j’irais pas dire que je m’y plais vraiment, que j’y suis heureux et que j’ai envie d’aller faire pousser des fraises dans mon jardin, mais à part les deux clans d’abrutis qui foutent la merde, on se sent bien quoi. Puis y a franchement pire comme coin. Je pourrais être dans le trou du cul du monde en Alaska à me peler les jumelles, au lieu de ça j’ai de l’herbe à perte de vue, des vaches qui broutent, des cochons qui se roulent dans la boue et une clientèle funky.
Que pensez-vous du conflit entre les Kelsey & les Fenley ? Prenez-vous part pour l'un ou l'autre ?
Quand on bosse en ville, et qu’on tient un lieu public de base, vaut mieux pas avoir de parti je vous l’dis direct. Pour moi les Kelsey et les Fenley sont d’aussi bons clients que le reste des habitués alors je me plains pas, après si l’un ou l’autre veut me faire part de ses griefs contre bidule ou machin, qu’il se fasse plaisir. Mais j’irais pas m’en mêler, t’façon j’ai rien compris à leur délire, faut être quand même un peu con pour se battre pour un bout de terrain quoi. Le truc dommage c’est qu’ils se rendent pas compte qu’ils ont un point commun; ils sont aussi relous les uns que les autres à se taper sur la gueule, m’enfin le temps qu’ils réalisent. En attendant, ils me laissent des pourboires sympas.. J’vais pas trop me plaindre.

La technologie et vous, ça se passe comment ?
Je vais pas l’nier, ça me fait bien chier de pas pouvoir utiliser un portable, d’être obligé de trouver un fixe quelque part pour appeler, c’est franchement pas pratique. Mais on s’habitue. C’est la télé qui est vraiment nulle, on capte des chaînes à la con et à force de regarder des reportages sur la pêche dans l’coin j’ai eu une envie subite de m’improviser pêcheur, pas besoin de vous dire que ça a été un véritable foirage. J’aurais pêché une crevette que ça aurait été pareil. Enfin qu’est-ce que la technologie quand on a la nature à sa porte ? Tcho je sonne comme mon grand-père, merde.
Plutôt cheval, voiture, bus ?
Le cheval ? Laisse tomber. Pendant deux semaines j’ai pas réussi à marcher correctement, j’avais mal au service trois pièces, en plus cet abruti a pris peur devant un crapaud et m’a éjecté de la selle. Plus jamais. Je préfère encore la voiture, même si mon pot de yaourt commence cruellement à se faire vieux et cahoteux. Le bus c’est seulement quand j’suis trop crevé pour conduire, ou que j’veux faire le tour de la ville pour m’endormir, on dira ce qu’on veut mais une balade en bus ça vous endort son petit homme.

prénom/surnom : Crazy-Medley
boy or girl ? : Pamplemousse rose
ce que vous pensez du forum : que du bien.
où vous avez connu le forum : après une tournée générale.
fréquence de connexion : Comme une moule à son rocher.
un dernier mot ? TOUT NU DANS LE BLÉ \o/
code par kusumitagraph'
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Z. Gabriel Witting

Z. Gabriel Witting
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MessageSujet: Re: You don't live, you survive. You don't live, you survive. EmptyMer 6 Aoû - 3:35


 

 
« Petite citation de votre gout par ici »

 
Chap 1. No matter what Mom says, you do it.

« Meryl,
Je rentrerais pas ce soir, ni les suivants. Cette vie, cette imitation de vie plutôt, qu’on mène c’est pas ce que j’ai rêvé ni pour toi, ni pour les enfants et surtout pas pour moi. On s’est perdu en route ma darling, on a perdu quelque chose, et malgré tous nos efforts je crois pas qu’on arrivera à récupérer ce qu’on avait. Chacun gère son deuil comme il le peut, mais je ne peux pas continuer à vivre dans cette maison, passer devant cette chambre et continuer à sourire et rire comme j’en avais l’habitude. Je sais que tu pourras jamais vendre la maison, ni partir, alors je suis celui qui part. Si ça peut t’aider, dis aux enfants ce que tu veux, j’assumerais. En attendant, je t’ai ouvert un compte pour les études des gamins, et les factures. J’y déposerais de l’argent chaque mois.
C’est mieux comme ça. Ca sera surement plus simple si Anna, Jeremy et Gabriel m’en veulent…
 »
Rien. Juste le silence qui accueillait les trois enfants revenus de l’école, et leur mère sur le canapé du salon à se goinfrer de glace devant la télé, le papier toujours posé sur la table, l’alliance empêchant la note de s’envoler avec le courant d’air de la porte ouverte. Elle ne s’était pas donnée la peine de jeter la feuille à la poubelle, laissant ses enfants lire ce que leur père avait écris de son éternelle écriture brouillonne et penchée. Le matin il avait embrassé ses enfants sur le front en les regardant quitter la maison pour l’école, et le soir en rentrant ils ne retrouvaient rien d’autre que le chagrin bien visible de leur mère, et l’absence cruelle, qui s’insinuait par tous leurs pores, de Becca mais aussi de leur père. « Comment ça plus là ? Il est où? » Ses aînés l’avaient regardé d’un air étrange, avant de se concerter pour voir lequel des deux allait devoir lui expliquer les choses et dès qu’on lui faisait comprendre que leur père était parti ailleurs, il recommençait. « Mais plus précisément? Parti ? Pas comme Becca.. J’veux dire, il reviendra un jour, non? » Et sa soeur reprenait le flambeau quand le frère sentait la colère poindre devant l’incompréhension de Gabriel, persuadé qu’il faisait exprès de ne pas suivre dans le simple but de le faire sortir de ses gonds. « Il a quitté maman. Il nous a quitté mais il est quelque part. Peut être qu’il reviendra, peut être pas, mais il aura le choix alors que Becca elle, elle l’a pas eu le choix. Elle pourra jamais revenir. » Et en s’approchant du canapé, il avait regardé sa mère, les yeux rouges, pour appuyer ses mains sur les cuisses de la femme et se pencher vers elle, un air clairement intrigué sur le visage. « Il est parti pourquoi ? Qu’est-ce t’as fait ? Tu l’as grondé? » Et sans que personne ne s’y attende, le coup était parti, fouettant l’air pour marquer la joue gauche de Gabriel d’un trace rouge alors qu’il se redressait, les yeux ronds. Elle n’avait jamais levé la main sur lui. « Papa est parti. Il est parti. Point barre. » Et le gamin acquiesça en récupérant son sac pour rejoindre sa chambre, non sans s’arrêter devant celle de sa soeur en attendant.. En attendant quoi ? Lui même n’était pas sûr de savoir, la seule chose qu’il retenait dans tout ce bordel c’était que Becca ne reviendrait jamais, que son père les avait abandonné, et que leur mère avait pas attendu quatre jours après l’enterrement de sa petite dernière pour brûler les souries figées, sur le papier glacé, de la gamine et fermer la porte de sa chambre à clé. Clé qu’elle avait jeté dans le missouri.

« 04/06/91 Helena, Montana : le corps d’une enfant, retrouvé dans le Missouri.

Becca Witting, fillette de sept ans, a été retrouvé ce matin du 06 Avril sur la rive ouest du Missouri, à la sortie d’Helena, Montana. Les secours, arrivés trop tard, n’ont pas pu ranimer la jeune fille, noyée.
Repêchée par un promeneur, après que son frère ait donné l’alerte, les circonstances de sa chute ayant entrainée sa mort restent encore indéterminées.
La famille Witting était venue camper sur les bords du Missouri, région peu dangereuse si les mesures de sécurité sont respectées.
Emue par cette disparition, les Witting étant très impliqué dans la petite ville d’Helena, les habitants ont prévu une veillée le temps que le corps soit rendu à ses proches.
 »
Tout était parti de là, de ce simple petit faux pas, d’une courte absence de surveillance, d’un lacet défait et d’une chute malencontreuse. Parce que Gabriel s’amusait avec le chien d’un voisin de camping, que Becca voulait voir s’il y avait des poissons dans l’eau. C’était arrivé si vite que même en se concentrant le plus longtemps possible, Gabriel ne parvenait qu’à se souvenir du bruit de l’eau et du cri de sa soeur. Un cri court. Cinglant. Qui s’était éteint aussi brutalement qu’il avait retentit. « Où est Becca? GABRIEL, OÙ EST TA SOEUR? » et en pointant le doigt vers la rive ses parents avaient compris. On s’était précipité vers le point de chute indiqué par le garçon et un promeneur, alerté par les cris, avait plongé sans réfléchir pour récupérer le corps, sans vie, de la fillette. « Pourquoi tu l’as pas surveillé? Gabriel est trop jeune pour le faire à ta place! » « Et toi, t’étais où ? Encore à lire tes magasines stupides! » Et bientôt les discussions de ses parents n’avaient plus tourner qu’autour de ce sujet, à savoir de décider lequel des deux était le plus coupable jusqu’à ce que son père s’en aille et que bientôt il ne reste plus que Gabriel a blâmer. A force de répéter à un gamin de bientôt douze ans qu’il avait tué sa soeur, le pauvre avait fini par ingérer la nouvelle, le tout indigeste lui restant sur l’estomac. C’était ce qui le poussait à rester, à ne pas fuir comme son frère, à ne pas se cacher chez ses camarades comme sa soeur; la culpabilité et le fait de savoir que sa mère avait un besoin cruel de lui.
La maison ne ressemblait plus à rien, elle perdait progressivement son charme et on ne s’étonnait plus que les aînés cherchent à la fuir. Meryl Witting, d’une beauté délicieuse dans sa jeunesse, se laissait aller à prendre du poids en restant figée sur son canapé sans décrocher de sa télé, après avoir démissionné de son job. Et en seulement trois ans, elle avait pris un poids tel qu’il lui devenait difficile de se déplacer alors Gabriel sacrifiait son enfance et son insouciance pour aider sa mère, dans l’espoir incertain qu’elle finisse un jour par lui pardonner son erreur. « Gabriel ! Mon coca ! » Et il obéissait. Sans réfléchir. Charmant petit pantin qui se sacrifiait pour un peu d’amour. Sans jamais vraiment en recevoir.

I was a flame burning down I was burning out But You knew me better.

Il fallut bientôt inventer des excuses pour expliquer pourquoi Meryl Witting ne sortait plus de chez elle, pourquoi elle ne se rendait plus aux réunions parents-professeurs de l’école de Gabriel, qu’elle n’allait pas chercher Jeremy au commissariat quand il se faisait arrêter pour de multiples petits délits, pourquoi Annabella enchainer les petits boulots en plus de ses études. On la disait malade, parfois absente à rendre visite à une cousine éloignée et tout ce qui passait par la tête quand on arrivait à réfléchir assez vite pour que le mensonge ait des allures de vérités. Pour Gabriel c’était de plus en plus difficile à gérer et il se mettait à suivre de moins en moins ses cours au collège, s’endormant constamment en classe, incapable de rester éveillé parce qu’il avait passé sa nuit à vérifier que sa mère respirait encore en dormant. L’odeur dans le salon devenait insupportable et malgré tout les stock de désodorisant qu’il employait, il ne parvenait pas à chasser la puanteur qui se dégageait de sa mère parce qu’elle était incapable de se déplacer jusqu’à la salle de bain et que la rincer au gant ne suffisait plus. On le punissait donc régulièrement, sans jamais vraiment s’intéresser aux raisons qui le poussaient à ne plus suivre, et parfois même à sécher les classes. Lui qui avait l’habitude d’inviter beaucoup d’amis chez lui se voyait soudainement laisser en plan dans la cour, dans son coin, seul. Jusqu’à Zoey. Elle était nouvelle à Helena, venait de l’Alaska de ce qu’il avait compris, et son père était instituteur. « Je peux venir à côté de toi ? J’ai oublié mon livre » et quand il avait levé les yeux vers lui, il avait réalisé que toute la classe l’avait imité, surpris. « bha quoi? Me regarde pas comme ça, j’t’ai pas non plus demandé de me prêter un rein. » Sans un mot il fait déplacé ses affaires pour libérer la table collée à la sienne, un regard presque admiratif sur la jolie brune qui n’avait cessé de lui sourire. Elle était étrange, presque irréelle par sa manière de se comporter, de répondre aux autres et de toujours parler de choses absurdes mais il n’était plus seul.

« Pourquoi tu m’invites jamais chez toi? » Ils s’étaient assis sous un arbre dans le parc, après leur dernier cours de la journée et alors qu’elle regardait le ciel allongé dans l’herbe, il se roulait sa clope en haussant les épaules. « J’ai seize ans, pas six, j’ai passé l’âge d’inviter des amis chez moi.. mais au coup de qu’elle lui envoya dans le dos il comprit qu’elle n’était pas satisfaite par sa réponse. Parce que si tu viens chez moi, tu voudras plus jamais trainer avec moi après. Et j’me suis habitué à ta voix irritante. » Alors qu’il allumait sa cigarette elle se redressa à ses côtés et lui envoya un coup de coude dans le bras pour ponctuer le tout d’un habituel « chiche ». Arrivés devant la porte, il hésita, la main sur la poignée et un regard vers Zoey qui attendait patiemment sans trop savoir dans quoi elle mettait les pieds et, inconsciemment, Gabriel se mit à prier pour qu’Annabella soit passé par la maison récemment et ait fait le ménage. Lui qui s’était promis de ne plus impliquer un seul dieu dans une pensée. Il entrouvrit à peine la porte qu’il dut faire face à la réalité; personne n’était passé par là depuis qu’il s’était levé pour l’école et il entendait encore la télé en fond, sur un des programmes dont sa mère se nourrissait pour détruire ses neurones et annihiler toute pensée douloureuse. En entrant dans le hall, Gabriel s’imagina quelques secondes sa mère le rejoignant devant la porte, belle et élancée comme avant, un plat de biscuits en main et un sourire avenant sur les lèvres. Au lieu de ça c’était l’obscurité, encore et le bruit de la respiration de sa mère endormie. Pris de panique, il se tourna vers Zoey, lui bloquant le passage de son bras, la main encore sur la poignée de la porte. « C’est.. Je.. elle avait posé la main sur son épaule en souriant et, par ce simple geste, il abaissa le bras pour la laisser passer. C’est pas tout l’temps comme ça c’juste que.. » Et en revenant sur ses pas, Zoey avait écarté les bras pour les enrouler autour du torse de Gabriel, sa tête contre sa poitrine, entendant surement son coeur battre de manière affolée alors qu’il levait les yeux au plafond avant de sangloter un peu. « Ma mère me hait.. » « J’t’aimerais pour deux alors. » Et à partir de là, elle se fit la promesse de ne pas le laisser.

Chap 2. I'll be ready for the funeral.

« J’ai vu Andrea montrer sa culotte à Tony derrière le gymnase. Tu veux voir la mienne? »
La note l’avait fait sourire, et il en avait renvoyé une dans le dos du professeur de chimie. De toutes les filles qu’il avait pu connaître dans sa courte existence, Zoey les dépassait en intelligence, en humour et en folie. Elle osait tout, même ce que Gabriel ne se serait jamais permis ne serait ce que de penser. Il avait finit par comprendre que personne ne la détestait, à se demander même si c’était possible de ne pas l’aimer, et que sous ses sourires elle cachait elle aussi des cicatrices. Une après-midi qu’elle avait séché le cours de piscine, alors qu’il s’était fait virer de son cours de littérature, Zoey lui avait expliqué qu’elle refusait de se balader en maillot à cause de ses entailles sur sa peau. Ancienne anorexique, elle avait sombrer à la mort de sa grand-mère pour tout un tas de raisons qui semblait encore lui échapper alors qu’elle se confiait, et c’était surement parce qu’elle avait aussi souffert physiquement qu’elle arrivait à dérider la m!re de Gabriel, les rares fois où elle venait chez les Witting. Elle s’était mise à se taillader la peau en réalisant que l’anorexie était bien trop visible et à eux deux, ils formaient un étrange duo d’êtres cassés.
« Pourtant j’ai des jolis petits noeuds sur la mienne. »
La nouvelle missive lui arracha un nouvel éclat de rire, fourrant le papier dans sa trousse alors que le professeur se retournait. Ce n’était pourtant pas les deux plaisantins de son cours qui avait attiré son attention mais la porte de la classe qui s’était ouverte sur le proviseur, la mine un peu renfrognée. « Zachariah Witting » annonça l’homme et l’intéressé se redressa promptement sur sa chaise. Il ne savait pas encore ce qu’on allait lui dire mais il avait comme le sentiment de savoir de quoi il en retournait et, le souffle court, il ignora la main tendue de Zoey et rejoignit le proviseur dans le couloir pour voir Annabella. « C’est maman, Gab. C’est maman.. » Sa voix s’était brisée et en abandonnant son sac, l’adolescent avait couru à en perdre haleine, s’usant les muscles jusqu’à la sortie de la ville pour rejoindre la maison, éloignée du centre. Les murs de la maison avaient noirci, une épaisse fumée s’élevait du toit et l’odeur lui piquait les yeux. Une bourrasque vint balayer ses cheveux et ses larmes et faire voler des papiers calcinés.

« Si un jour je dois partir, je veux m’envoler dans les airs tu comprends. Je veux pas finir sous terre, je veux pas me sentir piégée comme maintenant, je veux pouvoir déployer mes ailes et m’envoler loin. Tu sais que je rêvais d’être danseuse quand j’avais ton âge ? Tu sais que.. J’avais beaucoup de rêves et d’envies.. J’ai tout raté, n’est-ce pas Gaby ? J’ai tout raté. Je n’ai jamais su réagir comme il faut quand j’ai mal, jamais.. Je vous ai abandonné mais toi, tu es resté quand même. J’ai été une mère odieuse, et tu es resté. Soit tu est idiot mon fils, soit tu m’aimes vraiment. Alors promet moi, si je dois partir, je veux voler. »
Surement qu’il aurait du se douter, quand elle lui avait dis ça quelques jours plus tôt, qu’elle prévoyait de faire quelque chose. Mais il était trop innocent, ou inconscient, pour réaliser tout ça. Laissant Annabella à son appartement après l’y avoir retrouvé endormie, il était allé frapper à la fenêtre de Zoey qui l’attendait, comme si elle avait su, avant qu’il ne se décide, qu’il allait venir. Lui prenant les mains, elle l’avait laissé s’allonger sur son lit, lui caressant les cheveux. « Et maintenant ? » Les yeux fermés il avait écouté son soupir alors qu’elle continuait de jouer avec ses cheveux. « Maintenant … Et bien.. Les services sociaux vont contacter ton père, comme tu n’as pas encore dix-huit ans, sauf si ta soeur te prend avec elle. Et tu iras vivre dans une autre maison, et tu iras mieux. » Levant les yeux vers son visage, il fronça un peu les sourcils, une larme coulant de son oeil droit. « Et toi ? » « Moi ? Je vais finir le lycée, rejoindre l’université et quand les mecs m’emmerderont, je leur parlerais de mon super copain Gabriel. Je t’écrirais pendant la première année, et tu me répondras.. Et puis un de nous se lassera et on perdra le contact. On vivra nos vies. Puis un jour tu verras mon nom dans un journal, signant un article, et tu te souviendras de cette fille qui t’as bouleversé. » Se redressant, assit sur le bord du lit, il lui tourna le dos pour sangloter un peu sentant ses mains sur ses épaules et sa nuque. Ravalant ses larmes, les mains plaquées sur les yeux, les coudes sur les genoux, il n’opposa aucune résistance quand elle se plaça à ses côtes, prenant ses mains pour déposer des baisers au creux de celles-ci sous le regard étrange de Gabriel. Elle releva la tête vers lui et ses mains menant toujours les siennes, elle les lui déposa sur ses épaules. Pour la première fois, Gabriel avait la sensation de découvrir Zoey d’une autre manière alors qu’elle lui faisait glisser ses mains sous son haut, effleurant la peau de son ventre alors que les souffles se faisaient un peu plus haletants, ne s’interrompant que quand leurs lèvres se liaient dans des baisers un peu maladroits, un peu hésitants.

Deux jours plus tard, à l’enterrement de sa mère, il souriait un peu. Le cercueil était vide, Gabriel ayant caché les cendres dans un sachet hermétique dans sa poche, alors que son père appuyait une main sur son épaule, sa soeur à ses côtés. On avait pris la décisions que pour son équilibre c’était mieux que Gabriel aille vivre avec son père et sa nouvelle épouse. Zoey ne vint pas le voir le jour du départ, comme elle l’avait promis, s’étant contenté de lui rappeler de surveiller les articles des journaux à venir et en route il avait demandé à son père d’arrêter la voiture pour s’approcher du bord d’une falaise et secouer les cendres dans le vide, les regardant s’élever avec le vent. « Tu voles. Et t’es merveilleuse. » Il lui semblait que c’était la manière la plus symbolique de faire la paix avec elle, pour mieux avancer.

It's a new dawn, it's a new day..

« Et là c’est nos vacances à Budapest, ça c’est Jordan qui fait de l’équitation et ça c’est moi à la danse. Ça c’est moi au concours de l’année dernière, je suis la pomme derrière. » La première impression que lui avait fait la famille de son père était plutôt bonne dans l’ensemble. Sa belle-mère était très chaleureuse, peut être un peu trop ce qui donnait l’étrange sensation qu’elle se forçait pour accepter la situation, Jordan n’était pas très bavard et peu souvent présent quant à Lorelei elle était absolument charmante… Mais très bavarde. Il n’avait pas mis les pieds dans la demeure depuis dix minutes, le premier jour, qu’elle lui avait déjà donné un tas d’informations qu’il avait du retranscrire sur un papier pour ne pas les oublier, et ce même si elles n’avaient pas forcément d’intérêts. On pouvait dire que parmi les enfants, il y en avait au moins une qui était vraiment heureuse d’avoir un frère aîné mais cela n’aida pas vraiment Gabriel à faire son trou. « Et Jeremy ? Régulièrement son père venait le trouver, pour lui éviter de se retrouver seul, et le questionner en laissant Gabriel hésitant; voulait-il la vérité ou un mensonge ? Je ne l’ai pas vu aux funérailles.. » La vérité c’était que personne ne savait vraiment où se trouvait Jeremy, il se contentait d’envoyer des cartes à Noël, qu’Annabella faisait désormais passer à Gabriel à sa nouvelle adresse. « Tu veux sortir, faire quelque chose ? N’importe quoi ?  » Cet engouement, ce besoin permanent de veiller sur Gabriel même quand il n’en avait pas besoin, avait tendance à rendre le jeune homme un peu nerveux. C’était très différent de sa vie à Helena, la maison était toujours propre, sa belle-mère constamment en train de sourire, sa demi-soeur courrai dans tous les sens et la couleur des murs et des meubles étaient d’une pâleur éclatante. Il n’y avait que dans la chambre de l’adolescent qu’on trouvait des teintes plus foncés et si la femme de son père avait un peu grimacé quand il avait déclaré vouloir du bleu foncé pour ses murs, elle s’était habituée.. Et aux couleurs, et aux posters morbides. Comme Zoey l’avait prédit, ils échangèrent une correspondance assidue pendant la première année et puis au fur et à mesure, les nouvelles s’espacèrent, jusqu’à ce qu’elles se tarissent trois ans plus tard, alors que Gabriel entamait sa deuxième année à l’université.
« J’ai revu la culotte d’Andrea, c’est toujours la même, peut être qu’elle ne l’a jamais lavé en fait. »
Et ce mail tomba un jour dans sa boite. Il allait avoir vingt-et-un ans quand Zoey lui écrit à nouveau, annonça que la publication de son premier article mettrait surement plus de temps que prévu parce qu’elle avait eu un accident de parcours; ayant rencontré un jeune homme de bonne famille de son cours de journalisme, cela ne l’avait pas empêcher de tomber enceinte de lui. Ce fut surement la nouvelle dont il avait besoin pour réellement s’avancer dans le futur et cesser de tourner la tête vers le passé. Si Zoey était capable de refaire sa vie, alors il le pouvait aussi.  
Les mois suivants il commença par repeindre la chambre qu’il avait laissé chez son père, en s’installant à la résidence universitaire, puis il porta plus d’attention à Lorelei, s’inscrit dans de multiples cours, reprit le sport et se mit à sortir beaucoup plus. La puberté ayant bien fait son travail, il avait perdu ses boutons d’acnés, et le petit poil frisoté de son menton avait meilleur allure. « Je veux plus inviter mes copines quand t’es là. Elles sont toutes amoureuses de toi, ça m’énerve. » Il avait sourit avant de lui glisser à l’oreille qu’il n’y avait qu’une femme dans sa vie, elle. Ca avait suffit à la rassurer quant au fait que son demi-frère serait toujours là pour elle et personne d’autre.

Chap 3. Life goes on.

Après un an passé en Espagne, pendant les trois années où il suivit ses cours à l’université, plus pour faire plaisir à son père avec qui il ne cessa jamais de renouer pour rattraper ces neuf années où l’homme avait été vivre ailleurs allant même jusqu’à se créer une nouvelle famille. Parce que Lorelei avait huit ans quand il entra dans sa vie, elle n’eut absolument aucun mal à l’accepter mais avec Jordan c’était plus compliqué; avant l’arrivée de Gabriel il était l’aîné, de deux ans certes, mais c’était lui le chef de famille quand son père s’absentait alors que désormais il devait ajouter ce demi-frère à l’équation. Pas qu’ils se disputaient, c’était même plutôt l’opposé, ils se parlaient peu et pas seulement parce que Gabriel les quitta pour rejoindre une chambre universitaire une fois accepter dans la faculté du coin, mais surtout parce qu’il fallait se faire à l’évidence; ils n’avaient rien à se dire. C’était difficile pour lui aussi, d’être passé du rang de dernier, après la mort de Becca, il devait désormais se faire à l’idée qu’il était le plus âgé et donc accepter que Lorelei se tourne constamment vers lui pour le moindre de ses problèmes. Et elle en avait. Trop bavarde, elle se mettait souvent les gens à dos et c’était à Gabriel de récupérer les pots cassés et d’arrondir les angles. Il fallut apprendre à mûrir, et vite. Malgré toutes les opportunités qui s’offraient à lui à la fin de sa troisième année universitaire, Gabriel arrêta les cours et commença à enchainer les emplois, usant son argent durement gagner pour se payer quelques voyages; avoir goûter aux habitudes des espagnols pendant un an lui avait donner la bougeotte. Il visita les coins les plus reculés des Etats-Unis qu’il n’avait jamais fait que lire dans les bouquins, ou voir dans les films, il visita les studios de Los Angeles, se balade sur Hollywood Boulevard, embrassa des étrangères en Grèce, fuma son plus gros joint avec des allemands à Berlin. Pour la première fois de sa vie il vivait, après avoir tenté de survivre dans la folie ambiante que sa mère avait crée, Gabriel s’ouvrait au monde qui l’entourait et il n’était pas prêt de s’arrêter, sauf peut être pour une personne; Lorelei. Elle lui rappelait terriblement Becca, des souvenirs qu’il pouvait avoir d’elle, puisque sans aucune photo en poche il oubliait de plus en plus à quoi elle avait pu ressembler, mais le seul fait d’avoir quelqu’un qui s’appuyait un peu sur lui.. C’était aussi bon que le reste. Ses déboires sentimentaux eurent tout aussi raison de lui. Après avoir enchainé les copines de vacances, arrivé à vingt-sept ans, Gabriel se mit en tête de trouver la perle rare, convaincu que ce serait une autre aventure toute aussi satisfaisante et même si Lorelei tenta de le caser avec la moitié de ses copines de lycée, puis plus tard de ses copines de fac, ce fut Zoey qui intervint et de la manière la plus surprenante.

Elle l’avait prévenu qu’elle se trouvait près de Portland, où le père de Gabriel vivait après un dernier déménagement, et même s’il la savait mère de famille et même épouse apparemment.. Il n’avait pas pu s’empêcher de la revoir comme il la voyait des années plus tôt. Elle était toujours aussi étonnante et jolie et si elle ne lui avait pas montré les photos de son fils, il n’aurait jamais cru qu’elle ait pu porter un enfant. Ce ne fut que quelques jours après, quand Zoey lui présenta une amie, qu’il comprit qu’elle tentait de le pousser à rencontrer quelqu’un, malgré sa présence, comme pour le repousser malgré cette tension qu’il ne s’inventait pas quand ils étaient l’un face à l’autre. « En plus de mère, tu joues les cupidons maintenant ? t’es vraiment surprenante. » « J’ai plus d’un tour dans mon sac que veux-tu. » Il la regardait, assise à ses côtés, à attendre l’inconnue qu’il devait rencontrer, peu certain que la situation lui plaisait vraiment et ça ne rata pas. Pas que ce soit dans ses habitudes mais Gabriel fut infect tout le long du repas et quand il eut payé la note, et que Zoey lui fit remarquer quel emmerdeur il était, l’américain prit la mouche et quitta la table. « Mais attend, fais pas la gueule ! » Elle l’avait rattrapé sur le trottoir alors qu’il enfilait sa veste, bêlant un taxi. « T’es pas croyable. J’te vois pas pendant des années, j’ai droit à un message de deux lignes tout les deux ans, et la seule fois où j’te vois plutôt que de rattraper le temps perdu, t’essaie dème refourguer tes copines célibataires. T’aurais mieux fait de rester chez toi Zoey. » Il retirait son bras alors qu’elle tentait encore de le retenir. « Mais je m’inquiétais juste pour toi. Tu disais vouloir te caser et tout ça, je pensais être utile. » « J’ai survécu dix ans sans toi Zoey, j’peux me démerder tout seul, j’suis plus un gamin.. Mais j’ai pas les gamins et l’alliance qui vont bien pour en avoir l’air c’est ça ? Parce que je suis encore célibataire et que j’ai pas de job stable j’suis quoi ? Un raté ? Au fond il savait même plus trop pourquoi il était en colère; parce qu’elle lui avait manqué ? Parce qu’il réalisait qu’il aurait aimé être à la place de ce type inconnu qui lui avait passé la bague au doigt, qui avait réussi à la dompter quand elle lui avait fait l’effet d’être si libre ? Ou, justement, parce qu’elle n’était plus la fille un peu dans la lune qu’il avait connu et que ça l’obligeait à réaliser que le monde continuait de tourner et que les choses changeaient. Un peu de tout sans doute. Et bien bravo pour avoir réussi sur tout les tableaux Zoey. Quand tu feras des dons la prochaine fois, t’auras qu’à avoir une petite pensée pour ce loser de Witting. » Il comprit pas forcément la suite mais il baissa le bras quand elle enroula ses bras autour de son cou pour l’enlacer. « Moi aussi j’aurais aimé que tu restes.. Mais t’imagines à quoi on aurait ressembler tous les deux ? » Oh ça oui, il l’imaginait même très bien. Il n’avait fait que ça pour tenir dans les moments où il perdait pied pendant sa nouvelle installation chez son père, puis à l’université et chaque fois qu’il rencontrait une fille. « On aurait été un beau couple de beauf.. » Elle rit. Il sourit. Le taxi s’arrêta et il laissa son coeur sur le trottoir, une bonne fois pour toute, mettant un terme au chapitre Zoey, du mieux qu’il le pouvait.

Worrying about the future is not living.

Vingt-huit ans. Assit derrière un bureau aux murs gris, un casque sur les oreilles et des crampes dans le doigt à force d’appuyer sur l’éternel même bouton pour décrocher et entendre le même genre de plaintes à l’autre bout. Ca l’avait bien fait marrer le premier jour où il avait commencé à bosser quand on leur avait distribué des petits paquets de cartes de réponses, qu’il leur fallait apprendre par coeur pour les resservir à chaque dépressif qui appelait. C’était franchement pas le boulot de ses rêves, mais en deux ans qu’il travaillait là il avait pas forcément à se plaindre; ça payait bien, pour pas faire grand chose fallait l’admettre - parce que les parties de tennis avec boulette de papier et raquette en rouleau de PQ c’était pas du travail -, et en plus il pouvait continuer à voyager pendant ses vacances. Il avait rencontré une fille, c’était pas l’amour fou mais il se voyait bien avec et elle plaisait à son père et à Lorelei, qui avait des critères de sélection concernant ses futures belles-soeurs assez précis. Elle vivait avec lui dans son petit appartement et même s’ils se disputaient régulièrement quant à l’espace qu’ils avaient, le reste du temps c’était bien. C’était sain. Ca ressemblait enfin à un bout de vie normale, ou presque. Parce que Gabriel s’était mis en tête de faire des plans, des listes et tout ce genre de truc qui le faisait rire aux éclats quand il surprenait des amies à le faire. Le futur. Ca l’obsédait un peu. Parce qu’il avait un passé de misère, il voulait s’offrir un avenir de rêve, l’ennui c’était qu’il y mettait pas forcément toute la bonne volonté dont il regorgeait pour inventer des jeux débiles pendant les pauses cafés avec les collègues.
« Gaby, je savais pas comment te le dire alors je laisse ça ici. C’est lâche je sais, mais si je t’avais fait face j’aurais pas réussi à tenir tête et à accepter l’offre qu’on m’a faite. Le fait est que j’ai eu une proposition de poste, au Canada. Je m’installe chez ma soeur le temps de.. »
Sale impression de déjà-vu. Il se revoyait à huit ans rentrant de l’école pour trouver la même note, mais écrite par son père pour sa mère, et le reste de sa vie qui s’effritait ensuite. Plutôt que de s’enfermer chez lui, Gabriel fit le contraire, même s’il exagéra un peu; vendant l’appartement, rapportant ses cartons dans son ancienne chambre chez son père, il échangea l’argent du logement contre un billet et parti visiter l’Amazonie, en se joignant à un groupe humanitaire. Pourquoi ? Allez savoir, il avait jamais agi de manière aussi impulsive de toute sa vie et il découvrit à quel point c’était délicieux de ne plus s’occuper de rien d’autre que de savoir ce qu’il allait pouvoir inventer comme débilité pour amuser les gamins des villes paumées qu’il visitait. Il y resta presqu’un an, obligé d’écourter le voyage quand son père lui laissa un étrange message sur son répondeur, annonçant que Lorelei avait eu un accident.

Chap 4. Rory in the sky.
Un accident de voiture. Parce qu’elle avait voulu sortir avec ses copains en boite, que le copain qui tenait le volant avait pas bu, certes, mais pris autre chose, et qu’ils s’étaient plantés dans le décor. Si Lorelei s’en était sortie, malgré un handicap physique - sa moelle épinière endommagée dans l’accident, elle perdit l’usage de ses jambes, même si elle parvint à retrouver une certaine motricité dans celle de gauche mais pas de droite -, elle paya cher l’accident; tant pour le résultat que pour le comportement de ses parents à son égard. Privée de sortie, même si ça leur semblait dérisoire d’avoir à mettre de telles limites, et passée au microscope pour le moindre de ses gestes ou la plus petite décision, Rory ne vivait plus vraiment. La dépression suite à l’accident et les étapes qu’elle passa pour se remettre la changèrent un peu, même si Gabriel tenta maladroitement de lui faire retrouver le sourire. Ce n’était plus vraiment sa voix qu’on entendait continuellement, mais le couinement de son fauteuil quand elle arrivait, jusqu’à ce que Jordan décide de le retoucher pour des questions de confort. « Tu m’abandonnes encore ? En plus tu vas foutre quoi à Buffalo ? Tu connais quelqu’un ? C’est quoi ça ? T’as décidé de devenir un cowboy? » Il en savait trop rien, il avait visité le coin quelques mois avec un copain et avait trouvé l’ambiance charmante et le paysage délicieux. Ce qu’il lui fallait pour se tranquilliser un peu. « Fais pas la gueule allez. Ecoute, j’ai une idée. Je m’installe, je trouve un job et quand j’suis bien intégré, tu me rejoins si tes parents te lâchent toujours pas la grappe. T’en dis quoi ? » Pas besoin de mots, son regard en disait long. Il n’avait jamais vu autant d’étoiles dans ses yeux et il se félicita d’avoir réussi à retrouver une étincelle pareil dans ces yeux éteints.
Avec son ami ils s’installèrent donc à Buffalo, trouvant d’abord un emploi de saisonniers dans une des fermes, celle des Fenley, où Gabriel rencontra la fille d’Alphonse. Elle était à peine plus âgée que Lorelei, mais elle était tellement déconnectée et aussi si différente de lui qu’il succomba à l’interdit; on lui avait signalé que les filles d’Alphonse étaient off-limits, il en avait fait qu’à sa tête. Pas besoin de dire que quand il la largua, un peu maladroitement, il manqua de se faire tremper dans du goudron des plumes; une chance qu’on avait déjà plumé les poulets à cette période de l’année. Interdit de retourner sur la ferme des Fenley, le patron du saloon lui proposa une place de Barman, que Gabriel n’eut pas le coeur de refuser, surtout parce que les lettres de sa demi-soeur se faisaient plus pressantes et qu’il avait besoin d’avoir un endroit où l’accueillir.
« Mai 2014.
Maison louée à mon patron. Job stable. Pas de copines pour partager mon nid douillet. Recherche colocataire si ça t’intéresse.
Gaby.
 
»
La réponse de sa soeur ne s’était pas faite attendre.


 
code par kusumitagraph'
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