Depuis quelques jours, David avait décidé de s’ouvrir un peu sur le monde extérieur. Marre de toujours rester enfermé dans sa toute petite caravane sans confort. Ou de rester des heures interminables à l’hôpital bénévolement car il ne réclamait jamais à être payé de ses heures supplémentaires, Lowery s’était dit qu’il était enfin temps qu’il découvre la ville dans laquelle il vit depuis bientôt trois ans. Surtout qu’il était sur le bord de la dépression. Refusant de replonger dans l’horreur sans fin, au risque d’y laisser sa vie cette fois ci, l’étudiant devait se changer les idées. Il n’oubliait toujours pas la raison principale de son arrivée ici : retrouver sa demi-sœur. Même si avec les mois qui défilèrent, il avait un peu perdu espoir.
Durant une de ses balades, où il s’était surtout tout paumé qu’autre chose, David était content d’avoir trouvé un autre endroit où il pouvait bouquiner ses cours de médecine tranquillement. Un petit salon de thé dans la ville qui avait ouvert ses portes récemment. Pour le moment, comme il n’y avait pas beaucoup de monde qui y allait, l’aide-soignant avait décidé de devenir un client régulier. Même s’il n’avait que très peu d’argent, il tentait de mettre quelques sous de côté pour aller les dépenser en prenant son chocolat chaud quotidien. Il regrettait amèrement de ne pas pouvoir acheter des pâtisseries en suppléments de sa boisson favorite. Car cela ferait réellement plaisir aux deux jeunes femmes qui y travaillaient.
La pâtissière, Romane, fut la seule qui s’était présentée à lui jusqu’à présent. Très gentille cette demoiselle, même si des fois elle tentait tant bien que mal de dissimuler son malaise face aux bégaiements de son nouveau client. David, qui l’avait remarqué dès le premier jour, ne disait guère un mot. Ce handicap restait trop douloureux pour lui. Il préférait garder le maximum possible le silence. Et parler lorsqu’il avait réellement besoin.
L’autre femme qui travaillait avec Romane, s’il avait bien entendu quelques bribes de conversations, elle s’appelait Maddi. David était sûr de la connaître de vue. Mais où l’avait-il déjà rencontrée ? Ce n’était certes pas dans une soirée ou autre puisqu’il ne sortait jamais. Mis à part à l’hôpital ou dans l’un de ses stages, le garçon ne voyait pas trop. Pas grave, il s’en rappellera bien un jour ou l’autre.
Il se faisait tard, la nuit commençait à tomber. David sortit de sa caravane pour aller jeter un sac dans la poubelle du camping. Lorsqu’il vit au loin Maddi. Intriguée par cette jeune femme dont la communication était un jeu d’enfant pour elle, il décida de la suivre un peu. Juste pour voir ce qu’elle faisait ici à une heure pareille. Il ne se souvenait pas qu’elle habite au camping aussi. Dehors il faisait froid avec le vent. Bien vite, Lowery regrettait de ne pas avoir pris son manteau. Mais tant pis ! Au bout de même pas deux minutes, elle se retourna brusquement pour lui faire face en pointant vers lui une sorte de petite bombe. Surement un de ces objets de défenses contenant du poivre. David, qui eut peur de sa réaction, sursauta et manqua de trébucher dans une flaque de boue. Il n’eut que le temps de se retenir à la voiture garée juste à côté de lui. « Je… Je… Je… Je suis dé… Dé… Dé… Dé... Désolé ! Je… Je… Je voulais pas… Je… » Il fut blessé qu’elle le prenne pour un pervers. Il s’éloigna d’elle pour repartir vers sa caravane. Tout ce qu’il souhaitait, c’était d’apprendre à la connaitre un peu et d’être ami avec elle. Le cœur gros, il renifla en se sauvant. Décidément, il n’était bon qu’à être seul. Pensant à relire un de ses cours s’il y arrivait avant d’aller se coucher, il n’entendit pas qu’elle le course à son tour. Très sensible, sa vue commençait à se brouiller. Il essuyait ses yeux d’un revers de manche.